«Petit Journal» : l’un des derniers héritiers de l’esprit d’impertinence des débuts de Canal+

Le départ de Yann Barthès du «Petit Journal», émission qu’il avait créée, tournera la page de l’une des dernières héritières de l’esprit d’impertinence des débuts de Canal+, poil-à-gratter des politiques dont il dévoile impitoyablement les artifices de communication.

– Les débuts : «Le Petit Journal» a démarré le 30 août 2004 sous forme d’une courte chronique en voix off de Yann Barthès, jeune recrue de Canal+, à la demande de Laurent Bon, alors producteur éditorial du «Grand Journal» présenté par Michel Denisot. La mince silhouette du trentenaire n’apparaît à l’écran qu’à partir de 2007 : Yann Barthès présente son «Petit Journal» en plateau, déjà en veste et cravate, toujours au sein du «Grand Journal» avec «Le Petit Journal Actu» et «Le Petit Journal People». En 2011, «Le Petit Journal» devient une émission à part entière, produite par Bangumi, la société créé par Laurent Bon et Yann Barthès. En 2013-2014, il dépasse l’audience du «Grand Journal» et devient la vitrine en clair de la chaîne très relayée sur les réseaux sociaux.

– Ses points forts : Il se spécialise dans le décryptage des discours politiques, révélant les éléments de langage de leaders comme Nicolas Sarkozy ou François Hollande. Sa perche indiscrète surprend les apartés. Son micro rouge devient la bête noire de certains militants, notamment ceux du FN, une de ses cibles favorites. Il a renouvelé les sketches d’humour sur l’actualité, révélant des talents comme «Catherine et Liliane», (Alex Lutz et Bruno Sanches), et «Eric et Quentin»  (Quentin Margot et Éric Metzger). Il revisite également le genre journalistique avec Martin Weill.

– Ses faits d’armes : 2008 : «Le Petit Journal» couvre la campagne américaine et l’élection d’Obama et fait la Une des JT américains avec la banderole «Cassoulet» sur Times Square. 2012: il reçoit les principaux candidats à l’élection présidentielle: François Hollande, Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen, François Bayrou. Seul Jean-Luc Mélenchon refuse. 2013 : Martin Weill arrive pour couvrir l’actualité internationale. Il ira en Irak, Syrie, Ukraine, Afghanistan, Egypte, fera la route des migrants, interrogera Donald Trump. 2013 : Il démonte une opération de communication de Marine Le Pen lors d’une rencontre avec des citoyens dont les questions sont en fait prévalidées par le FN. 2015 : Il dénonce avec ironie les «no go zones» que la chaîne américaine Fox News avait décrites à Paris, campagne qui lui vaut la Une du «New York Times». 2015: Jean-Jacques Goldman donne sa seule interview depuis 10 ans à Eric et Quentin. 15 juin 2015 : Le «Petit Journal» accompagne François Hollande en Algérie et se moque de l’état de santé d’Abdelaziz Bouteflika, révélant les montages de la chaîne officielle et un président algérien très affaibli. Le reportage fait un tabac sur les réseaux sociaux en Algérie. Les journalistes du «Petit Journal» se sont récemment vu refuser un visa pour suivre le déplacement de Manuel Valls dans ce pays. 2015 : Après les attentats du 13 novembre, le témoignage du petit Brandon place de la République émeut le monde entier. Autre document choc, la négociation de la vente d’une vidéo de l’attentat de la pizzeria Casa Nostra. 24 novembre 2015 : Manuel Valls accorde une interview de 50’.

– Ses points faibles : Information ou divertissement ? Le mélange des genres est critiqué par des politiques, mais aussi des journalistes: en 2012, la commission de la carte de presse retire temporairement leur carte à 6 membres du «Petit Journal».

– Coulisses : Une équipe de 40 personnes travaille chaque jour sur «Le Petit Journal». Son audience de 1,8 million de téléspectateurs par jour en 2013-2014, puis 1,6 million en 2014-2015, a chuté autour de 1,2-1,3 million cette année.