Plainte contre Bourdin : le groupe Altice Media lance une enquête interne à BFMTV et RMC

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Le groupe Altice Media, propriétaire de RMC et BFMTV, a annoncé dimanche lancer une enquête interne après avoir appris que son journaliste vedette Jean-Jacques Bourdin était visé par une plainte pour «agression sexuelle». «Nous apprenons par voie de presse l’existence de cette plainte. Nous nous sommes entretenus avec Jean-Jacques Bourdin qui a vigoureusement contesté les faits dénoncés», déclare le groupe. 

«Dans un souci de transparence, Altice Media fait diligenter une enquête interne pour s’assurer qu’aucun fait de ce type n’a été porté à la connaissance des managers ou collègues des intéressés (plaignante et mis en cause)», annonce le groupe. La plaignante, une ancienne journaliste de BFMTV et RMC, âgée aujourd’hui de 33 ans et dont l’identité n’a pas été dévoilée, a travaillé «pendant plusieurs années» avec l’intervieweur à la matinale de BFMTV-RMC. Elle affirme qu’il «l’a saisie par le cou et tenté de l’embrasser à plusieurs reprises» dans la piscine d’un hôtel lors d’un déplacement professionnel en Corse en 2013, selon le récit fait par Le Parisien et confirmé par son avocate, Me Laure Heinich. Jean-Jacques Bourdin lui aurait ensuite envoyé «pendant plusieurs mois des mails et des SMS insistants», toujours selon ce récit. «La position du groupe est très claire. Il n’y a rien qui empêche Jean-Jacques Bourdin de faire son travail. Une simple plainte ne justifie pas le fait de disqualifier quelqu’un», a pour sa part déclaré au «Parisien» Marc-Olivier Fogiel, directeur général de BFMTV, dont le dispositif pour l’élection présidentielle accorde une place centrale à Jean-Jacques Bourdin. Ce dernier s’apprête à lancer sa nouvelle émission politique «La France dans les yeux», un entretien mené en région et en direct avec les principaux candidats à l’Elysée, inaugurée mardi soir par Valérie Pécresse en Corrèze. 

«Nous ne minimisons pas cette accusation ni lui donnons une dimension disproportionnée», a poursuivi M. Fogiel. «À ce stade, rien ne nous conduit à modifier les choses à l’antenne. Nous ne devons céder à aucune pression. Nous ne sommes pas des auxiliaires de justice. Au parquet d’analyser la plainte», a-t-il ajouté, précisant que diligenter une enquête interne lui semblait «la position la plus responsable». «Les SDJ de BFMTV, RMC et RMC Sport s’interrogent sur la pertinence du maintien à l’antenne de Jean-Jacques Bourdin le temps de l’enquête», ont répondu dimanche soir sur Twitter les sociétés des journalistes d’Altice Media. 

«La crédibilité de nos chaînes doit être la priorité à trois mois d’une élection présidentielle et dans un contexte de nécessaire libération de la parole», estiment les représentants des journalistes, pour qui «la parole d’une ancienne collègue et journaliste est crédible et doit être entendue avec le plus grand sérieux». La direction d’Altice Media a précisé suivre «avec la plus grande attention les éventuels développements de cette affaire» et est prête à prendre «toutes les mesures qui pourraient s’imposer en fonction de son évolution». Écarté de la matinale de RMC à l’été 2020 après 19 ans de service, Jean-Jacques Bourdin mène sa dernière saison à la tête de l’interview politique de 8h30 sur la radio et BFMTV, la chaîne d’informations en continu du groupe Altice Media. «Son contrat s’arrête en juin, indépendamment même de cette histoire», a affirmé M. Fogiel.