Deux hommes sont jugés jusqu’à jeudi pour tentative de meurtre d’un photojournaliste, violemment agressé en 2021 après avoir pris des photos dans un quartier sensible de Reims, une agression qui avait suscité l’indignation des défenseurs de la presse et de politiques.
Christian Lantenois, désormais handicapé à 80%, s’est présenté à l’audience avec son épouse et une vingtaine de journalistes de son quotidien régional, L’Union, venus lui apporter leur soutien.
Une dizaine de jeunes hommes avaient été mis en examen pour leur participation, la majorité mineurs au moment des faits. Huit vont être cités comme témoins.
Ils seront jugés plus tard pour «participation à un regroupement en vue de la préparation de violences», deux devant le tribunal correctionnel et six devant la justice des mineurs.
Le procès devant la cour d’assises de Reims des deux principaux suspects, âgés de 19 et 25 ans, se déroulera avec publicité restreinte, «en raison des représailles dénoncées ou craintes par certains protagonistes», a souligné la présidente à l’ouverture lundi.
Le 27 février 2021, venu couvrir les apparents préparatifs d’une rixe dans le quartier prioritaire Croix-Rouge, le photographe avait été pris à partie par un groupe de 13 personnes, alors qu’il se trouvait près de sa voiture floquée du logo du journal.
Les accusés ont dit aux enquêteurs s’en être pris au journaliste après qu’il a tenté de prendre des photos d’eux quand ils étaient rassemblés dans la perspective d’une bagarre avec des jeunes d’un quartier rival.
Frappé à plusieurs reprises à la tête et laissé pour mort sur la chaussée, le crâne fracturé, Christian Lantenois avait passé quatre semaines dans le coma, puis un an à l’hôpital.
L’agression avait suscité l’indignation des défenseurs de la presse et de la classe politique, jusqu’à l’Elysée, Reporters sans frontières déplorant une «atteinte extrême à la liberté de la presse». «J’attends que justice soit faite», a indiqué la semaine dernière M. Lantenois, 69 ans, photographe pendant 39 ans à «L’Union». Depuis l’agression, il n’est plus le même homme, selon son épouse Jocelyne.
Alors que c’était sa passion, «il ne prend plus rien en photo, même pas avec l’iphone, ni sa famille, ni ses petits-enfants», a-t-elle souligné peu avant le procès.
«Il n’est pas normal de se faire agresser et d’avoir frôlé la mort juste parce qu’on fait son travail», a-t-elle ajouté.