Romain Pormedio, fondateur et directeur de CINAPS Télévision

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    Le 20 mars, CINAPS Télévision se lançait sur la TNT parisienne. La chaîne partage le Canal 21 avec Demain Ile-de-France, Télé Bocal et Banlieues du monde, d’autres chaînes choisies par le CSA. Le slogan de Cinaps télévision? «Être la chaîne de la culture et de la connaissance de l’Ile de France». Conduite par un groupe de scientifiques et de passionnés de la nature, son objectif est de transmettre un savoir, une ouverture au Monde.

    média+ : Pouvez-vous nous présenter la philosophie de CINAPS Télévision ?

    Romain Pormedio : CINAPS est née il y a maintenant 22 ans. Elle a été créée par des étudiants en psychologie. A l’origine ce n’était qu’un collectif, une association. La question fondamental de la chaîne est: «comment construire des émissions qui ont du sens, qui transmettent un savoir, sans avoir l’aspect austère?». Avec une équipe qui s’étoffait de plus en plus, notamment avec l’arrivée de Michel Jonasz, Haward Buten et d’autres, nous avons tenté l’aventure de la TNT en posant une candidature au CSA. Nous voulons éveiller la curiosité du «sapiens» à l’heure où les scientifiques constatent une baisse de leur culture. Le tout dans un territoire quotidien: l’Ile-de-France. On essaye de proposer avec CINAPS Télévision une perception de notre entourage tel qu’il est. Nous voulons que nos téléspectateurs s’éveillent à ce qui les entoure durant les 29 heures de nos programmes. Sur le budget de la chaîne, nous sommes actuellement en pourparler avec le ministère de la Culture, nous avons des aides de la ville de Paris (65 000 euros), de la région également normalement. Dès 2008, un objectif: toucher 150 000 personnes. Nos tranches horaires de diffusion les plus représentatives sont celles des week-end: le samedi et le dimanche de 12h00 à 17h00 et le dimanche de 23h00 à 2h00 du matin.

    média+ : En quoi vous démarquez-vous des autres chaînes de la TNT francilienne ?

    Romain Pormedio : A la différence des autres chaînes, nous ne traitons pas d’actualité. Nous nous en détachons afin de prendre du recul sur les évènements. Nous partageons notre grille autour de quatre grands thèmes: Philosophie et Littérature, arts, sciences et écologie. Michel Jonasz, le compositeur, présente l’une de nos émissions fortes «L’invité de Michel Jonasz». Ce n’est pas une chaîne pour les scientifiques ou les apprentis scientifiques! Je souhaite que tout le monde se retrouve dans nos programmes. Nous avons énormément de retours positifs et nous sommes ravis de voir que l’«intelligence» n’appartient pas qu’à une certaine élite. Mais nous avons aussi l’émission «Ecosapiens» sur la préservation de nos cours d’eau, la biodiversité etc. Nous nous adressons surtout aux jeunes car ce sont eux qui feront changer les mentalités de demain. A vrai dire, le problème que nous rencontrons réside dans le montage de nos contenus. Aujourd’hui, les jeunes sont habitués au «Cut», à la vitesse. Est-ce que l’on doit rester dans les stéréotypes habituels du registre scientifique ou doit-on tenter d’innover?

    média+ : Produisez-vous tous vos programmes ?

    Romain Pormedio : Non, nous ne produisons pas tous nos programmes. Nous avons un grand partenariat avec le CNRS qui nous a ouvert tous ses trésors. D’autres structures de création collaborent avec nous comme des universités, des festivals… Les ressources de documents sont pléthores. Nous sommes une fenêtre ouverte par exemple pour les scientifiques qui veulent faire connaître leurs travaux.

    média+ : Comment voyez-vous la chaîne dans les prochains mois ?

    Romain Pormedio : Nous aimerions que la prochaine étape de la chaîne soit la constitution d’un réseau de chaînes du même genre. Des accords sont en négociation avec des chaînes régionales en Normandie, Rhône-Alpes et à Marseille, d’autres étant à l’étude avec les DOM-TOM, la région Centre et la Lorraine. Des chercheurs nous ont même demandé de quelles façons nous nous y sommes pris pour faire naître Cinaps, afin de tenter l’aventure dans d’autres pays.