S. POLIAKOFF (Summer of Rockets) : «En Angleterre, il y a un intérêt renouvelé pour les fictions patrimoniales»

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Classé au rang des «100 personnalités les plus influentes de la culture britannique», selon «The Telegraph», Stephen POLIAKOFF, Producteur et Scénariste britannique nous évoque son actualité à la télévision. Nous l’avons rencontré dans le cadre du dernier Festival de TV de Monte-Carlo. 

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Qu’avez-vous récemment développé à la télévision britannique ?

Stephen POLIAKOFF

Nous venons de produire pour BBC Two, «Summer of Rockets», une nouvelle série de 6 épisodes de 60’. L’histoire se déroule en 1958. La Guerre froide divise le monde. Et notre personnage, Samuel, inventeur et concepteur d’aides auditives sur mesure – qui compte Winston Churchill parmi ses clients – se fait approcher par le service de sûreté afin qu’il collabore avec cette organisation. Le personnage principal est inspiré de mon père, suspecté d’être un espion russe. Mais ça, je ne le savais pas quand il était en vie.

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La série est donc semi-biographique ? C’est sa force ?

Stephen POLIAKOFF

C’est exact ! Il y a environ dix ans, un journaliste d’un quotidien britannique me téléphone après la publication de documents secrets. Et j’apprends que mon père est soupçonné d’être un espion russe. Mon paternel n’en savait rien. De ce point de départ, j’en ai fait une histoire bien plus vaste basée sur mes souvenirs concernant la Guerre Froide, la crainte d’une guerre nucléaire et la chute de l’Empire Britannique.

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Ce sujet lié à la Guerre Froide a-t-il facilement convaincu la BBC ?

Stephen POLIAKOFF

Ce n’est jamais simple d’imposer un tel sujet. Pourtant, BBC Two s’est montrée très enthousiaste vis-à-vis de l’idée.

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Quelles contraintes de production avez-vous rencontré sur cette série à costumes ?

Stephen POLIAKOFF

Étant donné que je suis l’auteur de la série, je maîtrise tout ! La faisabilité en fonction du budget limité qui nous était alloué. Je ne tiens pas à avoir de producteurs exécutifs dans mes pattes qui me disent ce que je dois faire. Afin d’offrir l’image la plus réaliste possible de la Grande-Bretagne de 1958, l’équipe a tout tourné en décor naturel, notamment à Buckingham Palace à Londres. Il a fallu s’y prendre très à l’avance, y aller à l’aube et tourner le plus vite possible. Avant que les touristes arrivent.

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La série «Sommer of Rockets» a-t-elle rencontré son public ?

Stephen POLIAKOFF

Diffusée entre mai et juin 2019, à raison d’un épisode par semaine, la série a reçu un accueil très positif de la presse mais aussi du public. Le premier épisode a réuni 2,76 millions de téléspectateurs britanniques (tandis que l’audience moyenne sur les 6 épisodes s’est stabilisée à 1,87 million de fidèles, ndlr). C’est un projet inhabituel en Angleterre. 

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La fiction patrimoniale au Royaume-Uni, un genre en vogue ?

Stephen POLIAKOFF

Oui, c’est vrai. Il y a un intérêt pour ce type de fiction. Le public britannique est particulièrement intéressé par cette période de l’histoire et par la relation que nous entretenons avec les Russes. Nous avons tenté de rendre la série actuelle. Au fil de l’histoire, les personnages ont la volonté de maintenir l’Empire Britannique sur pied. Et donc, ça raisonne beaucoup avec le Brexit qui nous touche actuellement.