Sibyle Veil, PDG de Radio France, brigue un 2ème mandat

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L’annonce était attendue: Sibyle Veil, PDG de Radio France depuis avril 2018, brigue un 2ème mandat, dans un contexte financier trouble pour l’audiovisuel public confronté à la suppression de la redevance. La présidente de Radio France, qui aura 45 ans fin septembre, a annoncé mardi à ses équipes être candidate à un nouveau mandat. «J’aime cette maison, j’ai de vraies convictions stratégiques que je porte depuis 4 ans avec toute une équipe autour de moi» et qui «se sont transformées en actions» puis «en succès», a-t-elle ensuite déclaré. L’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel, auditionnera les candidats en novembre avant de nommer l’un d’entre eux au plus tard le 16 janvier. A ce jour, Sibyle Veil est la seule candidate déclarée. La décision de Mme Veil, 1ère femme présidente de Radio France depuis Michèle Cotta en 1981, survient dans un contexte trouble pour l’audiovisuel public, confronté à la suppression de la redevance, qui lui apportait l’essentiel de son financement soit 3,2 milliards d’euros sur un total de 3,8 milliards d’euros. Fin juin dans le «Figaro», Mme Veil s’était opposée à l’idée d’une grande fusion dans l’audiovisuel public et avait dit vouloir connaître les projets de l’État avant de postuler à un 2ème mandat. Elle a finalement tranché sans avoir une nouvelle feuille de route définie, l’Etat ayant décidé de prolonger pour une année supplémentaire les contrats d’objectifs et de moyens (COM) des groupes de l’audiovisuel public, en vue d’un grand débat sur son organisation et son financement. «Le cadre pour l’audiovisuel public des 5 prochaines années n’est pas connu mais je pense que c’est important que ce soit quelqu’un qui connaisse Radio France, la spécificité de notre secteur, de ce média audio, qui puisse porter (sa) voix dans ce débat» à venir, a-t-elle dit. Audiences record, accélération de la stratégie numérique et démocratisation de la culture sont les trois «réussites majeures» de Radio France entre 2018 et 2021, relevait l’Arcom fin juillet. «Radio France est parvenue en 2021 à installer 3 de ses radios parmi les 10 stations ayant la plus forte part d’audience», France Inter s’affichant depuis 2020 comme la radio la plus écoutée de France, soulignait l’Arcom. Autre point fort: «la démocratisation de la culture, particulièrement pour les jeunes publics», saluait le régulateur.  Ce dernier notait également que Radio France avait réussi à faire évoluer sa stratégie numérique pour répondre à l’évolution des usages, près de la moitié de la consommation d’audio s’effectuant désormais par internet. Le régulateur invitait toutefois la direction du groupe radiophonique à plus de coopération avec le reste de l’audiovisuel public, notamment France Télévisions. «Il y a des réussites mais elles ne reposent que sur l’investissement des personnels, au-delà même du cadre légal» selon une expertise rendue au début de l’année, tempère Matthieu Darriet, du syndicat SNJ-Radio France, en pointant «un problème sur le bilan social». «Les gens à France Bleu en région sont au bout du rouleau», souligne le syndicaliste. Au cours de son 1er mandat, Sibyle Veil s’est attelée à réduire les coûts au sein de la Maison Ronde en déployant notamment un vaste plan de suppressions de postes. Cela a entraîné un mouvement de grève historique déclenché en novembre 2019, finalement suspendu en mars 2020 avec l’apparition de la crise sanitaire. La PDG a néanmoins prévenu mi-juillet les députés qu’«une nouvelle réduction de nos crédits, si elle devait avoir lieu, serait aujourd’hui vécue comme une contre-prime à l’effort». Sibyle Veil a été conseillère de Nicolas Sarkozy à l’Élysée, puis directrice de la transformation à l’AP-HP, avant d’entrer en 2015 à Radio France, comme directrice déléguée en charge des opérations et des finances. Pour 2022/2023, jeunesse et environnement sont les 2 principaux cap fixés pour Radio France par sa présidente, selon les grandes orientations dévoilées fin août.