Sri Lanka: les défenseurs des droits s’élèvent contre un projet de loi draconienne de censure en ligne

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Les défenseurs des droits au Sri Lanka ont mis en garde lundi contre un projet de loi prévoyant des peines de prison pour diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux, craignant qu’il vise à museler les critiques du gouvernement. Le Parlement doit débattre cette semaine d’un «projet de loi sur la sécurité en ligne» qui prévoit des peines allant jusqu’à cinq ans de prison pour tout message jugé «faux» ou offensant par les autorités de régulation. Dans le cadre de la législation proposée, les plateformes de réseaux sociaux seraient passibles d’une amende allant jusqu’à 10 millions de roupies (31.000 dollars) en cas de refus de livrer l’identité et les données des utilisateurs anonymes accusés de ces délits. «Il s’agit d’une législation très draconienne qui aura un effet dissuasif sur l’ensemble de la population», a déclaré Lasantha Ruhunuge, porte-parole de la Sri Lanka Working Journalists’ Association (Association des journalistes en activité). Selon lui, le gouvernement cherche à museler la dissidence et à faire taire les critiques de la corruption, la mauvaise gestion et l’abus de pouvoir des politiciens et des hauts fonctionnaires. L’organisation de M. Ruhunuge fait partie d’une coalition de 18 groupes de la société civile qui s’opposent au projet de loi, lequel obligerait également les fournisseurs d’accès à internet à bloquer les comptes que le gouvernement juge nuisibles à l’intérêt national. Le projet de loi est inscrit à l’ordre du jour de mardi, mais la date précise des débats n’a pas été rendue publique. Le président du Sri Lanka, Ranil Wickremesinghe, a été accusé de réprimer la dissidence depuis son arrivée au pouvoir l’an dernier, au plus fort de la crise économique sans précédent traversée par le Sri Lanka.