Strasbourg: manifestation contre l’implantation prévue en 2023 en Alsace d’une usine Huawei

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Environ 150 personnes, selon les organisateurs et la préfecture, ont manifesté jeudi devant le conseil régional du Grand Est à Strasbourg contre l’implantation prévue en 2023 en Alsace d’une usine Huawei, dénonçant les liens entre le géant chinois des télécoms et Pékin. 

Les manifestants avaient répondu à l’appel d’associations de défense des droits de l’homme en Chine contre l’implantation à Brumath (Bas-Rhin) du premier site de production d’équipements hors de Chine de Huawei, consacré notamment à la 5G, qui devrait permettre la création à terme de 500 emplois directs. Ils se sont rassemblés face au conseil régional, brandissant des drapeaux tibétains ou des pancartes proclamant «Huawei = persécution des Ouïghours» ou encore «Pas d’usine Huawei en Alsace». 

Les équipements liés à la 5G «vont nécessiter le pillage de beaucoup de ressources naturelles», s’est inquiétée Brigitte Guiraud, présidente de l’Association Initiative Citoyenne, organisatrice du rassemblement. Elle a pointé de possibles risques pour la «sécurité nationale», alors que l’implantation du site est prévue à proximité de sites militaires de renseignement. «Huawei n’est pas une entreprise indépendante» car derrière, «il y a le régime du Parti communiste chinois», a-t-elle dit, dénonçant la répression par Pékin de la minorité musulmane des «Ouïghours, des Tibétains, des Mongols» ou celle des membres du mouvement spirituel Falun Gong. Les manifestants ont adressé une «lettre ouverte» à Jean Rottner, le président LR de la Région Grand Est qui a beaucoup oeuvré pour la venue du géant chinois en Alsace.

Dans sa réponse, M. Rottner leur a assuré être lui «aussi préoccupé» par la situation des Ouïghours. Il a annoncé un «moratoire» de la Région sur les «coopérations à venir avec la Chine». Huawei n’a bénéficié «d’aucun traitement de faveur», a assuré M. Rottner, rappelant que le versement de la subvention publique promise n’aura lieu que si Huawei réalise ses «investissements industriels» en Alsace. 

Dans un communiqué, Jeanne Barseghian, maire écologiste de Strasbourg, a appelé «à la fin de la répression» des Ouïghours et «à la prise en compte» de cette répression «dans les décisions publiques». L’élue s’était montrée réticente à l’implantation de Huawei près de Strasbourg, un temps évoquée, avant que le choix ne se porte sur Brumath.Les manifestants devaient ensuite se rendre devant l’Institut Confucius de Strasbourg, l’un des 17 en France, qu’ils pointent comme un «outil de propagande et d’infiltration» de Pékin.