«Sur la route des Enfoirés» : après la polémique, un concert entre poésie et burlesque

387

Au centre d’une polémique avec la chanson controversée de Jean-Jacques Goldman «Toute la vie», le concert «Sur la route des Enfoirés», diffusé vendredi prochain sur TF1, se présente comme une alternance de poésie et de moments burlesques. «Hymne anti-jeunes», «cacophonie indécente», «réactionnaire»…: après la mise en ligne du clip, en amont de la diffusion de ce show télé qui bat chaque année des records d’audience -plus de 12 millions de téléspectateurs en 2014, les critiques, parfois féroces, de personnalités et d’anonymes, ont plu sur les réseaux sociaux. 

La ministre de la Culture Fleur Pellerin a elle évoqué «une maladresse». Traditionnellement discret, Jean-Jacques Goldman est sorti de sa réserve, mercredi, défendant au «Petit journal» de Canal Plus, sa chanson  qui vise, selon lui, à réveiller les jeunes, à les inviter à faire mieux que les anciens, comme ses parents l’avaient fait avec lui. Pour nombre d’«Enfoirés», Laam, Gérard Jugnot, Tal, ou encore Pascal Obispo, c’est tout l’intérêt de ce texte, certes inhabituel. En témoigne, selon eux, le refrain: «Vous avez toute la vie, c’est une chance inouïe. (…) C’est à ton tour et vas-y». Le clip de cette chanson, qui conclut le spectacle TV enregistré au cours de sept concerts, en janvier à Montpellier, est une «battle». Un groupe de jeunes s’oppose aux «Enfoirés» et leur lance notamment «vous aviez tout: liberté, plein-emploi. Nous c’est chômage, violence et sida». «Les Enfoirés» rétorquent: «Tout ce qu’on a, il a fallu le gagner, à vous de jouer, mais faudrait vous bouger». Cette chanson clivante a aussi ses partisans, qui ont défendu les «Enfoirés», dont le CD et le DVD du spectacle sera mis en vente samedi. Jamel Debbouze a rappelé, avec passion, mercredi, sur Europe 1, l’importance des Restos du coeur, dont c’est la 30e campagne pour distribuer gratuitement des repas aux personnes «qui ont faim». En 2014, les «Enfoirés» ont rapporté à l’association, créée par Coluche, près de 23 millions d’euros, soit 12,5 % d’un budget, déficitaire de 7 M EUR, après avoir servi 130 millions de repas à un million de personne. Le budget 2015 prévoit un déficit de 10 M EUR. De Jean-Louis Aubert à Zazie, ils sont 34 artistes pour ce 26e spectacle à revisiter les grands tubes de l’année, le répertoire musical français et international. Au programme, Beyonce, Pharrel Williams, … Mais aussi Gérald de Palmas, Julien Doré, Kyo, Indochine, Renaud, Claude François, … A chaque fois, les chansons s’entre-mêlent dans des tableaux. Comme «le Soldat» (chanson de Florent Pagny) qui débute sur le Dormeur du Val (Arthur Rimbaud) et le chant des déportés. Ou encore «L’amour existe encore» (Céline Dion). ««Vienne» (Barbara), c’est magnifique. «Ça ira mon amour» (Les amants de la Bastille), c’est prenant. Ce sont les plus beaux tableaux», a jugé Pierre Palmade lors d’une conférence de presse organisée à l’issue du concert du dimanche 25 janvier. 

Pour ce show, qui a nécessité 650 costumes et 22 semi-remorques de décors et matériels, un effort particulier a été porté sur les sketches. «Le show était pro, visuel avec de l’émotion. Goldman a voulu un virage avec plus d’humour», ont constaté Philippe Carivière et Laurent Vassilian, les plumes de Nicolas Canteloup. Parmi tous les numéros, la version étonnante de Mme Doubtfire est plébiscitée par les Enfoirés. Ils disent avoir tous «pleuré de rire» lorsque Mme Doubtfire (Dany Boon), en prof qui a du mal avec ses élèves dissipés, va voir un proviseur (Kad Merad), amoureux, à l’accent «anglais».