Les drones font désormais partie de l’attirail des chaînes de TV

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Survoler les barricades en flammes de la place Maïdan à Kievbou suivre une descente à ski : les drones font désormais partie de l’attirail des chaînes de télévision, mais se heurtent à de nombreuses limites, légales ou pratiques. 

Nombre de chaînes – dont la BBC, Russia Today et TF1 – ont, ces dernières années, acheté leurs propres drones, et formé des caméramans à ces engins pilotés à distance, longtemps cantonnés à un usage militaire ou cinématographique. Simples d’utilisation et passe-partout, les drones sont aussi bon marché, à partir de quelques centaines d’euros pour les modèles d’entrée de gamme, hors caméra. Pour une chaîne, le recours à une société spécialisée coûte entre «2.000 à 3.000 euros la journée», quand un tournage en hélicoptère atteint rapidement 20.000 euros, indique Pierre Fourtillan, directeur d’Aliothcam, une société de prises de vue aériennes. Sans se substituer à l’hélicoptère, le drone, lui aussi très bruyant, permet des angles de vue inédits, et le survol de zones d’ordinaire inaccessibles. «On peut «lécher» les façades, les toitures», s’enthousiasme Nicolas Charbonneau, directeur adjoint de l’information de TF1. Plébiscités pour les sujets au long cours, pour filmer paysages et monuments, les drones servent aussi pour l’actualité chaude : Russia Today en a utilisé pour rendre compte des événements de Ferguson, explique Lizzie Phelan, journaliste de la chaîne russe. TF1 y recourt notamment «pour couvrir des intempéries, des inondations, la neige ou même des embouteillages», explique de son côté Nicolas Charbonneau, qui réfléchit à la possibilité d’élargir leur utilisation aux sports extrêmes. Pour autant, les législations encadrent strictement leur utilisation, interdisant, en France et en Espagne notamment, le survol des «zones peuplées» et l’approche de sites jugés sensibles. Début février, trois journalistes de la BBC ont été interpellés à Davos (Suisse), lors du Forum économique mondial, pour avoir fait voler un drone dans une zone non-autorisée. «Les Etats-unis, pour les avoir beaucoup utilisés notamment en Afghanistan, sont très réticents à les autoriser chez eux», ironise un expert du secteur. Depuis janvier, CNN et d’autres médias américains peuvent toutefois réaliser des tests. 

En France, chaque utilisation doit faire l’objet d’une demande en préfecture. Ce qui empêche parfois les chaînes de les utiliser. La multiplication, ces derniers mois, des survols illégaux de Paris fait par ailleurs craindre à certains un durcissement des règles. «Si c’était plus souple, on les utiliserait plus, mais je crains que ça ne s’assouplisse pas, bien au contraire», estime Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFMTV, qui a été parmi les 1ères chaînes françaises à recourir aux drones. D’autant que la multiplication des drones n’est pas toujours vue d’un très bon oeil : en septembre, la Californie a adopté une loi interdisant aux paparazzis de recourir aux drones pour photographier des célébrités. Sébastien Valiela, paparazzi auteur des photos qui ont révélé la liaison entre François Hollande et l’actrice Julie Gayet, dit toutefois n’avoir «jamais eu l’occasion» de se servir du sien.  «Sur un drone, on ne peut mettre qu’un appareil grand angle, donc il faudrait qu’on s’approche à quelques mètres des personnes pour avoir une photo exploitable. On se ferait repérer», explique-t-il. L’an dernier, lors de la fête de mariage en France de la vedette de téléréalité Kim Kardashian, le paparazzi avait apporté le sien. «Mais quand j’ai vu la configuration des lieux, j’ai pris un hélico», lâche-t-il.