Sylvie PIERRE-BROSSOLETTE, Membre du CSA

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Mardi 6 mars 2018, se tenait au Conseil supérieur de l’audiovisuel la signature officielle de la «Charte d’engagements volontaires pour la lutte contre les stéréotypes sexuels, sexistes et sexués dans la publicité». L’occasion de s’entretenir avec Sylvie PIERRE-BROSSOLETTE, Membre du CSA.

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Quel sera l’impact de la charte contre les stéréotypes sexistes dans la publicité?

Sylvie PIERRE-BROSSOLETTE

Le CSA doit veiller à l’image des femmes dans la publicité. C’est pourquoi nous avons commandé une étude visant à montrer qu’il y avait encore beaucoup trop de stéréotypes et de clichés concernant l’image des femmes dans les publicités. Sur la base de ce rapport, nous avons dialogué avec les professionnels de la pub et nous avons fini par signer une charte d’engagement permettant au secteur de s’engager à progresser. De ce fait, nous aurons chaque année un rendez-vous qui permettra de vérifier que l’image des femmes est de moins en moins stéréotypée dans les publicités.

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Quels sont les principaux stéréotypes que vous observez ?

Sylvie PIERRE-BROSSOLETTE

Dans trop de spots, on retrouve des femmes objets, plutôt consommatrices face à des hommes qui sont les sachants. Il faut rééquilibrer les rôles. Aujourd’hui, les annonceurs, les publicitaires, la filière de la communication sont engagés en ce sens auprès du CSA. Les annonceurs évalueront eux-mêmes la qualité des spots à diffuser. Il y a aussi des stéréotypes récurrents qu’il faut faire régresser. Exposer un bilan annuel au grand public est aussi efficace qu’une sanction.

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Si une publicité est considérée comme «trop sexiste», le CSA peut-il intervenir?

Xylvie PIERRE-BROSSOLETTE

Bien sûr ! Le CSA garde son pouvoir classique d’intervention : mise en garde, mise en demeure, procédure de sanction au cas où une publicité dépasserait les bornes de la sexualisation, du sexisme ou comportant des propos offensants ou dégradants. Ça peut toujours arriver. Quand il y a des excès, nous sommes en mesure de les sanctionner.

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Les stéréotypes sont-ils les mêmes dans les programmes de télévision ?

Sylvie PIERRE-BROSSOLETTE

Nous luttons depuis plusieurs années pour qu’il y ait plus de femmes expertes dans les débats TV. Au départ, il y en avait 15 à 20%, aujourd’hui, nous en sommes à 35%. C’est un beau progrès mais c’est encore trop peu. De même, dans les fictions, trop souvent, les femmes ont des rôles stéréotypés. On retrouve la même problématique dans tous les programmes

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Comment expliquez-vous la baisse des femmes invitées politiques dans les émissions ?

Sylvie PIERRE-BROSSOLETTE

C’est contradictoire avec l’air du temps. Il y a de plus en plus de femmes élues. Il y a maintenant une assemblée essentiellement féminine, un gouvernement paritaire. Mais les rédactions en période politique très chaude, reviennent à leurs fondamentaux, avec des invités hommes qui dirigent la plupart des partis. Il faut que cela évolue.

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Quelles actions allez-vous mener sur ce terrain en 2018 ?

Sylvie PIERRE-BROSSOLETTE

Le Président de la République s’est exprimé publiquement pour élargir les compétences CSA en matière de lutte contre les stéréotypes sexistes sur l’ensemble des contenus audiovisuels quels que soient leur supports. Il a fait le lien entre la persistance de ceux-ci et les violences de genre. Toujours fidèles à notre méthode, je propose que l’on fasse une étude pour avoir un état des lieux sur les programmes emblématiques de la télévision et sur Internet.