TF1/ annulation dramatique de «Dropped» : un impact financier limité sur le Groupe

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TF1 va devoir rapidement trouver un plan B après l’annulation dramatique de «Dropped», un jeu d’aventure qui devait passer en Prime dans quelques mois, mais l’impact financier sur le groupe devrait être limité, selon les experts. Franck Firmin-Guion, le patron de la société de production ALP, a confirmé mardi soir sur TF1 que le programme ne verrait pas le jour, après le crash d’hélicoptères qui a fait dix morts lundi en Argentine où se déroulait le tournage. Si TF1 ne s’était pas engagé sur un nombre définitif d’émissions, en attendant de voir les résultats des 1ers tournages, le groupe comptait mettre en valeur ce jeu d’aventure, avec des personnalités du sport, en lui faisant occuper la case reine du Prime Time. C’était un pari sur un nouveau programme qui aurait pu être prolongé sur plusieurs saisons en cas de succès, souligne un analyste financier souhaitant garder l’anonymat. En Bourse, le groupe n’a pas vraiment souffert. Le titre TF1 a ouvert mardi en baisse de 3% mais a limité son recul à 1,55% à la clôture avant un rebond mercredi. L’impact financier pour TF1 devrait au final «être mineur, il pourrait y avoir un impact au 1er semestre s’il y a un décalage du remboursement des assurances» qui couvrent ces risques, «mais sur l’année le coût devrait être marginal», estime-t-il. L’effet est cependant compliqué à chiffrer, puisqu’il faut prendre en compte les coûts avancés par ALP et TF1 pour la production d’une émission qui ne sera jamais diffusée – estimés à quelque 5 millions d’euros pour une saison complète – et le coût des programmes de remplacement que le groupe va devoir trouver, souligne-t-il. Le jeu d’aventures vedette de TF1, «Koh-Lanta», avait été interrompu en 2013 après la mort du candidat Gérald Babin, suivie du suicide du médecin du programme. TF1 avait attendu 18 mois avant de le remettre à l’antenne et n’avait pas communiqué à l’époque sur l’impact de ce drame sur ses comptes. «Pour «Dropped», le dégât est moindre qu’avec «Koh-Lanta» car ce n’est pas une émission qui était déjà installée, avec une image forte», note Philippe Bailly, président du cabinet spécialisé dans l’étude des médias NPA Conseil. 

Pour remplacer un programme aussi ambitieux et aussi cher, «ce ne peut pas être le même type de programme, qui est très long à préparer», observe Jacques Clément, le président du Syndicat des producteurs et créateurs d’émissions de télévision (SPECT), qui voit plutôt TF1 opter en remplacement pour l’achat d’une série étrangère existante ou la rediffusion d’un programme. La diffusion d’une série risque cependant de pousser TF1 à revoir ses recettes publicitaires à la baisse, par rapport à celles escomptées pour ce type de jeux d’aventure très populaires. Virginie Spies, maître de conférence à l’université d’Avignon et spécialiste de la téléréalité, estime que TF1 «joue gros» en termes d’image. «Il peut y avoir un amalgame. Les annonceurs pourraient ne plus vouloir s’associer à des programmes» de téléréalité. Le groupe TF1 reste cependant incontournable pour les marques, avec une part du marché publicitaire de plus de 50%. «Il semble que l’accident n’ait pas de lien direct avec le tournage ni avec l’émission (…) je ne vois pas de raison pour qu’il y ait de dégât ni pour l’image de TF1, ni pour les jeux d’aventures, qui sont quelque chose de très prisé en télévision», relativise Philippe Bailly. M6 prépare d’ailleurs deux programmes de ce type cette année: l’émission «The Island: seuls au monde» et le jeu «La Taupe». Au final, «c’est la société de production qui investit et prend les risques du développement», remarque Jacques Clément, expliquant qu’outre le drame humain, l’annulation du programme est une catastrophe économique pour ALP.