TF1 : «HPI» prouve que la télévision traditionnelle a de beaux jours devant elle

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«Miraculeux», «incroyable»… le succès phénoménal d’«HPI», la nouvelle série policière de TF1, portée par une Audrey Fleurot déchaînée et une recette «bien dosée», prouve que la télévision traditionnelle a encore de beaux jours devant elle face à Netflix et consorts, estiment des experts de l’audiovisuel. Chez TF1, on pavoise depuis le lancement fin avril des aventures de Morgane Alvaro, femme de ménage extravagante et mère célibataire de trois enfants, recrutée comme consultante par la police – qu’elle déteste – pour son «haut potentiel intellectuel» (160 de QI). Et il y a de quoi. 

Après avoir signé un démarrage record depuis 2005 pour une fiction française, la série est parvenue à dépasser les 10 millions de téléspectateurs en direct la semaine dernière, et les 12 millions en comptant le replay sur 7 jours pour son troisième épisode, du jamais vu depuis le final de «Dolmen» il y a 16 ans, selon TF1. Et elle est restée puissante jeudi soir (férié), à plus de 9 millions en moyenne, pour plus de 40% de pda. De quoi détrôner la très populaire et gouailleuse «Capitaine Marleau» de France Télévisions (7,8 millions de téléspectateurs en moyenne en 2020). 

«C’est extraordinaire», a récemment commenté le producteur de «Dolmen», Pascal Breton. Si sa saga estivale avec Ingrid Chauvin rassemblait «12 à 13 millions de personnes» chaque semaine, «l’exploit de «HPI» est supérieur» face à la concurrence notamment des plateformes, a-t-il estimé lors d’une rencontre avec l’association des journalistes médias. Cela prouve «la pertinence de la télé généraliste», déjà confirmée lors du premier confinement avec une durée d’écoute record. La télé traditionnelle, «média fédérateur», a «de très belles heures devant elle», veut croire Anne Viau, la directrice artistique de la fiction française de TF1, qui enchaîne les succès («La Promesse», «Le Remplaçant»…). Un optimisme tempéré par le consultant Arnaud Dupont qui juge que si la télé traditionnelle est encore dominante aujourd’hui, ses «belles années» sont derrière elle, comme en témoigne la mise en vente de M6 par son actionnaire Bertelsmann. Et les succès hors normes ne sont pas reproductibles à l’envi. Celui d’«HPI» repose sur une «recette extrêmement bien dosée», analyse Frédéric Lavigne, directeur artistique du festival Séries Mania, qui anticipait un carton, mais pas à un tel niveau. Elle prend «la base ultra solide» – et peu originale – de l’enquête à résoudre dans chaque épisode, avec un duo antinomique» – Mehdi Nebbou jouant le rigide inspecteur Karadec, «un peu comme la carpe et le lapin qui vont s’agacer mais aussi s’apprivoiser petit à petit» – et une héroïne atypique. 

Mais c’est la tornade Audrey Fleurot, «Sherlock au féminin» à la «performance survoltée», qui vient relever le tout. «Elle lâche les chevaux. Et c’est une actrice très fédératrice qui allie toutes les télévisions linéaires», de M6, où elle interprétait la Dame du Lac dans Kaamelott, à France Télévisions («Un village français»), en passant par Canal+ («Engrenages») et TF1 («Le Bazar de la Charité»). L’ancrage en région dans la banlieue lilloise, la «revanche sociale» de l’héroïne, qui «tire le diable par le queue» et «va faire des leçons à l’institution» sans que cela soit «trop dénonciateur», son côté Erin Brockovich revendiqué par la co-scénariste Alice Chegaray- Breugnot…