Le patron du groupe TF1 Gilles Pélisson aimerait voir France Télévisions évoluer vers un modèle de financement exclusivement public et a suggéré mardi qu’une future taxe sur les géants de l’internet (les «Gafa») profite à l’audiovisuel public. «Je préférerais aller vers un système beaucoup plus sain, vers un modèle anglais comme celui de la BBC totalement financé par le public», a expliqué le PDG devant l’Association des journalistes médias (AJM). «Je préfèrerais avoir une taxation sur les Gafa qui puisse compenser une éventuelle suppression des 300 millions d’euros de publicité» que dégage la régie publicitaire de France Télévisions, a-t-il poursuivi. Interrogé sur la possibilité d’un retour de la publicité après 20h00 qui pourrait compenser une baisse prévue l’an prochain du budget de l’audiovisuel public, le responsable a dénoncé cette éventualité. Il a appelé au contraire à une évolution radicale du modèle de financement du service public, aujourd’hui abondé par la redevance et les recettes publicitaires. Avec «un budget de 2,8 milliards d’euros pour six chaînes», l’audiovisuel public n’a «pas dans un problème de moyens, c’est plus que tous les opérateurs privés», a expliqué Gilles Pélisson. «La problématique est comment on arrive à taxer les Gafa et les plateformes» et «il y a quelques espoirs d’un alignement d’un certain nombre d’acteurs au niveau européen, la France pousse dans cette dynamique en disant qu’une taxation sur le chiffre d’affaires serait tout à fait légitime». «On a ces plateformes qui sont extrêmement présentes, qui captent une grande partie des budgets publicitaires, et qui pourraient financer un certain nombre de choses. S’il y a un impôt on peut très bien imaginer que cet impôt revienne de facto à notre service public», a détaillé Gilles Pélisson. Une initiative pilotée par la France et soutenue par trois autres grands pays européens, Allemagne, Italie, Espagne, vise à élaborer une nouvelle taxe appliquée sur le chiffre d’affaires généré dans chaque pays européen par les géants du net, comme Google, Apple, Facebook et Amazon (Gafa), afin de contrer l’optimisation fiscale pratiquée à grande échelle par ces acteurs.