Time Warner relève sa prévision annuelle

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Le groupe de médias et de cinéma américain Time Warner a relevé mercredi sa prévision annuelle, après de solides résultats trimestriels, et s’est dit confiant pour finaliser sa fusion à 85 milliards de dollars avec l’opérateur télécoms AT&T. Le chiffre d’affaires des 3 principales divisions (Turner, HBO et studios Warner Bros) a augmenté au 3T. La télévision a bénéficié d’une hausse de 2% des recettes publicitaires et d’un fort intérêt pour la campagne présidentielle américaine, qui a notamment boosté les audiences de la chaîne d’informations CNN aux heures de grande écoute (Prime Time). La hausse des prix des abonnements a été le catalyseur positif pour le bouquet de chaînes à péage HBO, alors que le succès en salles des films de super-héros «Squad Suicide» et «Sully», réalisé par Clint Eastwood et porté par l’acteur oscarisé Tom Hanks, a relancé les studios Warner Bros, en perte de vitesse au 2T. Le c.a. total a en conséquence progressé de 9,2% à 7,17 milliards de dollars, contre 6,98 milliards anticipés, pour un bénéfice de 1,47 milliard, en hausse de 41,7% sur un an. Fort de ces bons résultats, Time Warner a relevé son objectif financier 2016: gonflé par un gain fiscal, le bénéfice par action ajusté, référence en Amérique du Nord, devrait être compris entre 5,73 et 5,83 dollars contre de 5,35 à 5,45 dollars auparavant. Cet optimisme qui se rajoute aux solides résultats justifie, selon les analystes, l’intérêt d’AT&T, qui a mis 85,4 milliards de dollars sur la table, fin octobre, pour acquérir le groupe. Wall Street continue toutefois d’être sceptique, certains experts redoutant un veto des autorités antitrust américaines, au 1er rang desquels le département de la Justice (DoJ) et le gendarme de la Bourse (SEC). L’action Time Warner perdait 0,36% à 87,93 dollars vers 15h00 GMT. La nouvelle entité AT&T-Time Warner abriterait en effet un opérateur télécoms avec plus de 142 millions d’abonnés au mobile et également acteur important dans la diffusion télévisée payante via DirectTV et un groupe de média disposant d’un catalogue de contenus recherchés dans le sport, le cinéma et les séries télévisées et également prépondérant dans la vidéo en ligne. Hillary Clinton et Donald Trump, les 2 principaux candidats à la Maison blanche, ont déjà fait part de leurs réticences, expliquant que ce mariage n’était pas bon pour les consommateurs. M. Trump est allé jusqu’à dire que son administration s’y opposerait s’il était élu le 8 novembre. Time Warner s’est employé mercredi à défendre l’opération, qualifiée d’une «étape naturelle» dans son évolution, et qu’il prévoit toujours de finaliser d’ici fin 2017. «Nous sommes persuadés que cette fusion est source de concurrence. Ce n’est pas une concentration», a répété Jeffrey Bewkes, le PDG, lors d’une conférence téléphonique avec les analystes. «Il y a de la compétition à tous les niveaux. Donc nous sommes confiants sur le fait qu’elle va aller au bout», a ajouté M. Bewkes, qui a assuré rester jusqu’à la transition ainsi que toutes les équipes en charge de la création chez HBO. Il a également affirmé que AT&T-Time Warner permettrait de créer un nouveau concurrent à Google et Facebook qui se partagent les recettes publicitaires dans le numérique et que la participation de 10% détenue par Time Warner dans le service de vidéos à la demande Hulu n’allait pas être impactée car elle est passive. 

Le méga-projet de mariage entre AT&T et Time Warner est une nouvelle illustration des efforts des grands acteurs traditionnels de la télévision pour demeurer pertinents à l’heure où les spectateurs se tournent de plus en plus vers internet. La consommation de télévision classique des personnes âgées de 18 à 24 ans a par exemple chuté de 40% sur les 5 dernières années, selon des données de YouTube.