Trois questions à… Dominique Candille, secrétaire général de la SNJ-CGT

    La SNJ-CGT craint la réorganisation des rédactions entraînée par la diversification notamment de la presse sur tous les supports (sur les téléphones mobiles, le papier électronique ou le e-paper…)

    média + : Les regroupements des différents supports au sein des rédactions peuvent-ils constituer un danger pour l’emploi ?

    Dominique Candille : C’est la première crainte, un même journaliste va pouvoir faire un reportage pour plusieurs médias, les rédactions ne vont pas, par conséquent, envoyer plusieurs journalistes…On peut craindre des coupes claires dans les effectifs. Cela pose par conséquent la question de la qualité, je suis moi-même journaliste et je ne suis pas convaincue qu’un journaliste peut tout seul faire le son, l’image et l’écrit, sauf à lui demander une qualité moindre. Ces regroupements sont donc un danger pour l’emploi, la qualité mais c’est un danger pour la profession elle-même. La presse va -t-elle être plus crédible, plus diffusée? Je suis dubitative.

    Média+ : Marc Tessier, ancien président de France Télévisions, vient de rendre son rapport «La presse au défi du numérique» au ministre de la culture, le rapport envisage une «nouvelle vision des droits d’auteurs des journalistes lorsqu’il exercent leur activité dans un cadre plurimédia», qu’en pensez-vous?

    Dominique Candille : Bien que n’ayant pas encore pris connaissance de ce rapport, je peux vous dire que cela a toujours été le grand rêve des patrons de presse européens. Vous savez le droit d’auteur en France est unique, et se distingue des droits d’auteur américains et britanniques qui fonctionnent par copyright, c’est-à-dire que les travaux réalisés appartiennent aux journaux et non aux journalistes. Pour le moment la législation française sur les droits d’auteur n’est pas attaquée frontalement, mais des patrons de presse attendent sans doute une nouvelle assemblée nationale qui sera favorable à leurs projets. Il y a déjà un lobbying extraordinaire.. En ce moment il y a une grande offensive en France, mais aussi en Belgique et en Angleterre avec le développement du numérique, où on demande aux rédactions de travailler sur tous les supports, c’est une aubaine pour les employeurs.

    Média+ : Le Ministre organisera au début du mois de mars une réunion de travail avec les représentants des syndicats professionnels de la presse pour recueillir leurs réactions, leurs analyses et leurs propositions, la SNJ-CGT sera-t-elle présente et que proposera-t-elle ?

    Dominique Candille : On ne refuse pas une telle invitation, nous ne sommes pas un syndicat qui pratique la politique de la chaise vide. Nous mettrons en avant la qualité de l’information car nous considérons que c’est une mission de «service public», on doit aux citoyens une information vérifiée, mis en perspective, les journalistes ne servent pas seulement à alimenter des tuyaux. Nous sommes là pour permettre aux citoyens de se forger une opinion. Notre positionnement est le suivant: pour une information de qualité il faut des moyens, des journalistes formés, et capables de vérifier l’information. Avec la course au multimédia, la mise en ligne 24h/24 de l’information, c’est toujours la course au scoop qui va être déterminante, cela peut être dangereux.