Trois questions à … Gilles Bian Rosa, Chief Executive Officer (CEO) de Vuze

    Aujourd’hui, nous sommes en phase de transition, le web a changé les usages et est en train de modifer la consommation des médias. Gilles Bian Rosa, CEO (Chief Executive Officer) de la plateforme vidéo Vuze, installé aux Etats-Unis depuis 2001, nous explique comment cette révolution est arrivée et quel regard il porte sur la France.

    média+ : Vous habitez les Etats-Unis depuis 2001. Quelles ont été les étapes de la révolution technologique outre-Atlantique?

    Gilles Bian Rosa : J’ai atterri le 11 septembre 2001 aux Etats-Unis… J’ai donc vu la silicone vallée au plus bas et de voir sa vitalité aujourd’hui en dit long sur la révolution technologique actuelle. Pour moi, celle-ci a réellement commencé en 2004. Ce qui a relancé l’économie d’Internet est clairement «Google». L’outil a permis de montrer qu’il était possible d’avoir confiance dans le net pour les consommateurs. Puis, il y eu les sites comme «MySpace» qui ont créé un engouement pour le réseau communautaire. Après est arrivé «YouTube» qui a donné une nouvelle dimension à l’Internet: désormais il y a autre chose sur ce support que du texte et des images. De là, l’engouement fut colossal. Des milliers de start-up ont vu le jour pour rentrer dans ce secteur. Il y a encore 18 mois, aucune chaîne de télévision américaine ne mettait du contenu sur Internet. Le seul moyen de se procurer un programme déjà diffusé était de le pirater. Les gens ne veulent pas payer pour la vidéo. Pour la musique, ce n’est pas pareil… ABC fut le premier à rentrer dans la nouvelle ère de la vidéo: ils ont mis «Lost» et «Desperate Housewives» sur leur site, le lendemain de la diffusion sur la chaîne. Toutes les autres chaînes ont suivi ensuite.

    média+ : Quel regard portez-vous sur la France actuellement ?

    Gilles Bian Rosa : J’ai un regard humble. J’ai passé un peu moins de temps en Europe qu’aux USA… De ce que je peux en voir, en France, on n’en est pas encore au stade où les chaînes de télévision mettent en ligne toutes leurs productions, comme aux Etats-Unis. Il y a en effet un gros problème de droit car beaucoup de contenus sur les chaînes françaises sont produits par des firmes américaines. Or, celles-ci cèdent les droits à l’international mais pas pour la diffusion sur Internet. Pour que cela soit le cas il faut attendre de signer le renouvellement des contrats.

    média+ : Quelles solutions prônez-vous alors ?

    Gilles Bian Rosa : Evidemment, la première chose à faire c’est d’être patient et d’attendre le renouvellement des contrats. Mais la deuxième chose, et à mon goût la plus importante, est le rôle des annonceurs. Car tant qu’Internet ne génèrera pas plus de chiffre d’affaires pour les chaînes, quel est leur intérêt de négocier de nouvelles clauses sur les contrats ? Les contenus arrivent sur la plateforme Internet bien avant les revenus. Aujourd’hui, la publicité existe sur Internet, mais elle est là pour financer une image de marque des chaînes. Le côté positif de tout cela est que les chaînes vont être poussées à produire leurs propres produits sur le net afin de dépasser les problèmes de droits. Etape déjà amorcée aux USA. Les chaînes américaines ont toutes crée une marque uniquement sur leur plateforme Internet sans chercher à passer par la télévision, par le câble, pour faire connaître les programmes. Il va y avoir une ou deux succès story de ces programmes dédiés au net, traduits sur la télévision. En créant des contenus, ils détiennent des droits mondiaux.