Télé Paese, la nouvelle télévision locale de la région corse de la Balagne, a été inaugurée vendredi dernier. Henri Ordioni, directeur des programmes, a participé à la création de cette chaîne associative locale, la 4ème en France. Il nous explique Tele Paese.
média+ : Une chaîne de télévision sur la région de la Balagne était-elle
une nécessité ?
Henri Ordioni : Déjà, je pense que la télévision n’est pas une nécessité. La seule nécessité était de mettre en avant la micro région de la Balagne entre Calvi et l’Île Rousse qui est une île dans l’île. Depuis 6 ans, l’idée germe dans l’esprit de Franco Farsetti, président de Radio Balagne et de Télé Paese qui est une extension naturelle de Radio Balagne. Elle a été conçue comme un outil de développement de la région, pour montrer que les gens de ce pays travaillent. Ici, il n’y avait qu’un seul média : le quotidien régional «Corse-matin». Il y a un engorgement de l’information. Pour un artisan par exemple, il est difficile de faire passer le message. Pourtant, il y a beaucoup d’initiatives. Nous avons, par exemple, une émission sur les associations, «Assogi». Il y a de quoi faire avec les 1000 associations de Corse. Nous avons aussi une émission sur le foot, «Si ghjo ca a ballon» dans laquelle on montre les plus jeunes, les moins de 15 ans, les moins de 18 ans. Ce sont les jeunes qui viennent parler sur le plateau. Nous diffusons tous les jours de 8h00 à 22h00. Entre 10h00 et 11h00, nous diffusons des sujets que nous souhaitons souligner. Aujourd’hui (ndlr : l’interview a été réalisé lundi), nous rediffusons l’inauguration de la chaîne qui s’était déroulée vendredi dernier. Il y avait 250 personnes réunies, de toutes les couches de la population, de tous les courants politiques et syndicaux. Et réunir 250 personnes en Corse, c’est pas facile. On ne pensait pas que c’était aussi intéressant pour la population.
média+ : Comment s’est monté Télé Paese ?
Henri Ordioni : Grâce à l’entêtement de Franco Farsetti pour créer cette radio associative. Ça a été dur et compliqué à mettre en place. La chaîne ne vaut que par les gens qui y ont contribué. Ils ont fait le pari de faire ici ce qui se fait ailleurs et c’est beaucoup dans une île. Ce sont des gens passionnés à la fois par l’audiovisuel et par leur pays. Tout le dossier administratif a été monté par Barbara Albertini, détachée de «Haute Corse Développement», une émanation du Conseil Général de Haute Corse. La chaîne compte six employés et quinze bénévoles. Le budget est de 250 000 euros. Il a été rassemblé grâce à la publicité et au soutien des collectivités locales : la Collectivité Territoriale de Corse, le Conseil Général de la Haute-Corse, et les municipalités du Pays de Balagne. Pour l’instant nous ne diffusons que sur la région, qui compte 20 000 habitants en hiver et 300 000 en été. Nous faisons partie de l’association des Télévisions Locales de Service Publique (TLSP) avec lesquelles nous échangeons des programmes. Ainsi, nous en envoyons à la télé locale marseillaise. Il y a 3 millions de Corses dans le monde. Quant à savoir si on augmentera la zone de diffusion, on en parle… Mais on ne donne pas de date. Les choses se font au fur et à mesure des rencontres.
média+ : Quelles langues parlent-on sur l’antenne ?
Henri Ordioni : Les deux langues sont présentes dans toutes les émissions. Nous parlons la langue de la rue. Nous ne sommes pas rigides. Les gens passent du Corse au Français d’une question à l’autre. Il n’y a pas de quotas. Le CSA a dit que la langue corse appartenait à la collectivité française : c’est une langue de la république. Mais il n’y a pas de revendication.