Trois questions à … Jean-François Téaldi, Secrétaire général du SNJ-CGT de France 3

    A la suite des négociations annuelles obligatoires, le mouvement social de France 3 gène les programmes. L’intersyndicale a décidé de n’organiser que des débrayages de 59 minutes qui n’entraînent pas de grosses perturbations à l’antenne, ni de grosses retenues sur les salaires des grévistes. La CGT, le syndicat majoritaire, mène la danse. Il a appelé à faire grève lundi et mardi dernier. Jean-François Téaldi, Secrétaire général du SNJ-CGT de France 3, nous en explique les raisons.

    média+ : Quelles sont les raisons du mouvement social qui affecte l’antenne de France 3 ?

    Jean-François Téaldi : Les raisons de ce mouvement social sont uniquement les salaires. Chez France 3 comme dans toute entreprise, les salaires sont exprimés en points d’indice. Il y a 10 ans, le point était revalorisé annuellement en accord avec les directions des télévisions, radios publiques et Bercy, notre ministère de tutelle. Depuis, Bercy refuse cette revalorisation. Il laisse chaque entreprise négocier les augmentations. L’ancien système permettait à l’ensemble des salariés d’avoir des augmentations. A présent, elles ne sont accordées qu’aux individus dociles ayant le doigt sur «la couture du pantalon». Depuis deux ans, la direction propose des revalorisations salariales exprimées en pourcentage, sans toucher à la valeur du point d’indice, mais ça ne concerne que France 3. Les autres entreprises comme France 2, RFO, Radio France ou RFI soit n’en bénéficient pas, soit n’ont pas les mêmes.

    média+ : Quelles sont les différences entre les revendications des syndicats ?

    Jean-François Téaldi : Il y a une revendication commune : les 150 € d’augmentation générale. Aujourd’hui, c’est sur le seul préavis de la CGT que les salariés sont en grève. Pour les autres syndicats, il n’y a que ce point-là. Nous demandons en plus des mesures spécifiques pour les bas salaires et que l’augmentation générale ne soit pas attribuée aux cadres qui ont la part variable.Les préavis de grève sont déposés toutes les 48 heures par des syndicats différents. Il n’y a pas de concurrence, il y a une complémentarité des revendications. Nous étions à 60 € d’augmentation hier. Nous avons eu une réunion jusqu’à 2h00 du matin. A la fin, nous sommes arrivés à 70 €. Nous avons eu la confirmation des 3 % d’augmentation des bas salaires. On verra ce que nous dira la direction dans les heures qui viennent. Ensuite on en discutera dans les assemblées générales. Aujourd’hui, France 3 est en grève (ndlr : 9,4% du personnel était en grève à la mi-journée) et ça concerne tous les sites nationaux et régionaux.

    média+ : Si la revendication d’augmentation de la valeur du point d’indice concerne toutes les entreprises audiovisuelles publiques, pourquoi seule France 3 est-elle en grève ?

    Jean-François Téaldi : A France 3, nous avons une vieille culture de bagarre. Malheureusement, elle n’existe pas dans les autres entreprises audiovisuelles publiques. Cette culture nous vient des origines de la chaîne. Nous surfons sur cette vague. En outre, il y a un taux de syndicalisation important. Même les intermittents du spectacle, les CDD et les pigistes sont fortement syndiqués. Ici, les précaires sont souvent dans la grève avec nous. Il n’y a pas de mesures de rétorsion contre eux. Récemment, sur France 3 Alsace, la direction a décidé de faire appel à un employé précaire pour remplacer un journaliste en grève. C’est aussi la première fois de l’histoire de la chaîne que des sujets faits par des journalistes grévistes sont diffusés à l’antenne. Nous avons fait constater cette violation du droit de grève par huissier et par l’inspection du travail.