Trois questions à … Laura Ténoudji, chargée du recrutement et de la coordination des équipes de CiTiTV.

    CiTiTV est une société qui emploie des jeunes talents de la production audiovisuelle, issus de quartiers sensibles. En activité depuis janvier 2008, les premiers bilans sont positifs. Laura Ténoudji, chargée du recrutement et de la coordination des équipes de CiTiTV, nous explique le concept de cet ambitieux projet.

    média + : Pouvez-vous nous présenter le concept de CiTiTV ?

    Laura Ténoudji : François de La Brosse (directeur de l’agence de communication ZNZ Groupe) a eu l’idée de monter CiTiTV qui se compose de petites unités de production audiovisuelle. Toutefois, la grande innovation de ce projet est d’aller recruter des jeunes de quartiers difficiles qui ont déjà une formation dans ce métier de la production: caméraman, journalistes etc. Au même titre qu’il est possible de dénicher des nouveaux talents en banlieue pour la mode ou la musique, on le fait pour la production audiovisuelle. On a des jeunes qui viennent de Villiers-le-Bel, de Beauval ou de St-Ouen mais le but étant d’en créer partout en France. L’activité de CiTiTV a commencé en janvier 2008. Aujourd’hui, nous avons trois équipes de deux personnes qui ont entre 23 et 32 ans. Et nous sommes actuellement en phase de recrutement pour 5 nouvelles équipes. Le travail concret de nos salariés est de tourner, monter et encoder des sujets qui sont illico envoyés aux clients. Et ce, que cela soit pour Internet ou la télévision et quel que soit le format. La minute de reportage en prêt à diffuser est de 150 euros. Même si nous faisons du low cost, il est de très bonne qualité.

    média + : CiTiTV permet-elle de solliciter l’esprit d’entreprise des jeunes ?

    Laura Ténoudji : La sollicitation de l’esprit d’entreprise est au coeur du projet. Au départ, on les recrute, comme toutes autres entreprises, par l’ANPE. Puis, une fois sélectionnés, on leur donne une formation complémentaire, avec le soutien financier de L’Oréal, la Caisse d’Epargne, ainsi que du matériel: une voiture grâce à Peugeot et une caméra, un ordinateur de la part de Panasonic. A terme, l’objectif étant que chacun monte sa structure avec l’aide d’entrepreneurs (HEC Entrepreneur). Toutefois, la première année on les fait travailler avec nous. Ils ont accès à nos réseaux, et ils sont salariés, en CDI, de CiTiTV, et échappent donc ainsi au régime des intermittents du spectacle. Ils sont payés 2 000 euros brut par mois. Et ils ont réellement de grosses responsabilités. Nos clients aujourd’hui sont des gros groupes types Orange et L’Oréal ou encore dans un autre genre les comédies musicales etc. Nous sommes une entreprise à but lucratif, nous ne sommes pas une association. Nous leur demandons donc un travail sérieux.

    média + : Comment voyez-vous CiTiTV à la fin de l’année ?

    Laura Ténoudji : C’est toujours un peu difficile de se projeter. A l’origine, nous savions pertinemment qu’il y avait des talents à dénicher. C’est une vraie expérience humaine. On voit aujourd’hui se dessiner des carriéristes, d’autres qui sont plutôt artistes… Nous sommes certains qu’il y a de l’avenir dans ce projet. D’ici fin 2008, nous espérons avoir une dizaine d’équipes sur le terrain, avec un épanouissement dans les grandes villes de France.