Trois questions à … Olivier Royant, Directeur de la Rédaction de «Paris Match»

    Mardi, le groupe Lagardère Active faisait la rentrée de son pôle magazine. En quelques chiffres, ce groupe détient plus de 33 titres, ce qui représente 548 millions d’exemplaires vendus en 2007. Parmi ces titres, il y a «Paris Match» qui voit son lectorat évoluer de 15% depuis 2005. Nous avons rencontré Olivier Royant, Directeur de la Rédaction, afin qu’il nous décrive les enjeux actuels de ce titre si populaire.

    média+ : Dans 6 mois «Paris Match» fêtera ses 60 ans. Quelles sont les spécificités qui font que ce magazine fonctionne aussi bien ?

    Olivier Royant : «Le poids des mots. Le choc des photos». C’est notre ADN. C’est l’éthique de notre magazine mais aussi, et surtout, celle d’une génération qui a grandi avec ce magazine. C’est vrai que cette année nous nous sommes posés la question de savoir qui nous étions et quelle place nous avions dans le marché de la presse nationale. Pour à la fin aboutir à notre nouvelle signature «La vie est une histoire vraie». Cette nouvelle phrase ne veut pas dire que nous avons changé. Bien au contraire. On raconte la vie au travers d’histoires marquantes.

    média+ : Quelles sont les évolutions que vous allez apporter au magazine dans les semaines à venir ?

    Olivier Royant : Nous ne faisons pas de révolution dans notre maquette. Tout au plus quelques évolutions afin que notre lecteur, si habitué notamment avec les mobiles et Internet, puisse mieux «naviguer» et se repérer dans nos pages. Nous avons remis à plat notre magazine. Nous mettrons à partir du 2 octobre deux sommaires, un à la page 3 et un autre au début de notre «cahier d’actualité». Nous redécoupons notre magazine en rubriques (culture, people, actu, art de vivre) qui seront plus claires. Par cette nouvelle organisation, nous voulons maintenir cette philosophie de la vente au numéro, la clé du succès de «Paris Match».

    média+ : L’avenir de «Paris Match» n’est-il pas en danger compte tenu de la révolution technologique ?

    Olivier Royant : Le numéro du 11 septembre a été notre premier magazine numérique. Cet évènement nous a plongé dans la réalité qu’on connaît aujourd’hui: tout le monde a un appareil photo, tout le monde dispose d’Internet. Et nous devons sortir du lot dans nos angles de photos, dans notre traitement de l’information. On s’est adapté et on le fait encore. Car, pour quelle raison un individu achète t-il un magazine alors que tout est gratuit sur Internet ? Il faut lui donner des raisons de nous acheter. Pour prendre un exemple, notre reportage à Haïti a coûté 35 000 euros! Qui aujourd’hui peut mettre autant de fonds pour un reportage qui a priori n’est pas le sujet le plus vendeur ? et que personne ne veut couvrir car trop onéreux ! Nous ne voulons pas tomber dans l’uniformisation de l’information où tout le monde a les mêmes photos, les mêmes informations. C’est cela la force de «Paris Match», et qui fait que le magazine a survécu à toutes les révolutions comme la télévision ou le numérique ! Notre destin est intimement lié au photojournalisme.