Trois questions à … Sophie Arouet, Secrétaire Générale de la Confédération des Syndicats Autonomes (CSA)

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    Dans vingt et un jours, la Commission Copé rendra ses conclusions au Président de la République sur les modalités de la nouvelle télévision publique. La réforme concernera toutes les chaînes du service public, y compris RFO. C’est pourquoi, la Confédération des Syndicats Autonomes (CSA), la première organisation syndicale représentative des salariés de RFO Outre-mer, a fait parvenir mardi après-midi à la présidence de la République ainsi qu’à la Commission Copé, un dossier comprenant les perceptions ainsi que les ambitions qu’ont les salariés de RFO. L’occasion pour média+ de rencontrer le Secrétaire Générale de la CSA, Sophie Arouet, également rédactrice en chef chez RFO.

    média+ : Quelle est à la principale revendication à RFO ?

    Sophie Arouet : Nous souhaitons obtenir un quota de production régionale d’information sous la forme de magazines dans tous les domaines: santé, environnement, patrimoine etc. Il nous faut produire nos contenus afin que les ultramarins se reconnaissent dans leurs chaînes. Mais il nous faut également un budget rattaché à cette production afin de pouvoir réellement faire des contenus à notre image. En effet, le constat est le suivant dans les régions d’Outre-mer (ROM): il est plus facile d’être informé de ce qui se passe en France métropolitaine, en Italie ou en Espagne que de suivre les informations de la Barbade, de Trinidad ou de Bélem. En effet, après 25 ans d’existence, RFO ne diffuse que 20% de programmes à identités régionales. Tous les autres viennent des autres chaînes de France Télévisions. Nous sommes conscients que si cette demande est acceptée par l’Etat actionnaire, il faudra que les cahiers de missions et de charges de RFO soient réaménagés afin de créer des contenus qui respectent les identités de chaque région.

    média+ : Quel est l’état des productions des ROM aujourd’hui ?

    Sophie Arouet : Depuis que RFO a intégré le groupe audiovisuel public France Télévisions (juillet 2004), la situation en matière de production ne s’est pas arrangée. Pourtant, entre 2003 et 2004, la mutualisation des moyens en la matière avait conduit à la production d’un certain nombre d’émissions communes aux trois départements comme «Encre noir», «Télé pays», «Matin peyi» etc. Toutefois, aujourd’hui elles n’existent plus alors même qu’elles avaient conquis le public. Actuellement, en dehors des journaux locaux et régionaux, il n’y a pas de production. Certes il existe des coproductions comme pour la série de «La baie des flamboyants», mais ces projets restent marginaux. Or, RFO pourrait parfaitement se servir des fonds européens nommés «INTERREG III-B espace Caraïbes» afin de financer l’acquisition de droits ou même pour produire des catalogues de programmes sur cette région du monde et qui se réaliseraient en partenariat avec les pays de la grande région Amazone/Caraïbes.

    média+ : L’arrivée de la TNT dans les ROM va-t-elle changer la donne ?

    Sophie Arouet : Il est vrai que RFO avait jusqu’alors le monopole de la télévision gratuite. Avec l’arrivée de la TNT, les ultramarins retrouveront directement les programmes qu’ils ont l’habitude de voir sur les chaînes historiques, sans n’avoir plus à passer par notre réseau (80% des programmes de RFO venant des chaînes de France Télévisions). Par conséquent, nous devons profiter de l’arrivée de la TNT pour moderniser les programmes de RFO afin de ne pas devenir juste une pâle copie des chaînes publiques. Nous devons remplacer progressivement les programmes de France télévisions par des contenus inédits, plus conformes aux attentes de téléspectateurs, plus identitaires.