Trois questions à … Véronique Cayla, Directrice Générale du CNC

    Le Centre National de la Cinématographie (CNC) dévoilait jeudi matin le bilan 2007 des productions audiovisuelles auxquelles le CNC a apporté son aide. L’occasion pour la Directrice Générale du CNC, Véronique Cayla, de détailler ces résultats.

    média+ : Pouvez-vous nous présenter le bilan 2007 de la production audiovisuelle aidée du CNC ?

    Véronique Cayla : Après une bonne année 2006, la production aidée en 2007 est moins bonne. En effet, la production audiovisuelle est en baisse. Baisse en volume de 9,4% mais diminution également des investissements des diffuseurs : – 8,2%. En tout, le CNC a aidé à hauteur de 3 678 heures de programmes, ce qui correspond à 177,6 millions d’euros. Par conséquent, ce sont également les aides automatiques du CNC qui suivent ce repli : – 13,5%. Malgré cela il faut relativiser les choses. Depuis le début du siècle, le secteur de la production audiovisuelle aidée reste à un niveau élevé : entre 3 500 et 4 500 heures contre 1 500 et 2 500 lors de la dernière décennie du XXème siècle. Le chiffre d’affaires 2007 se consolide puisqu’il représente 1,2 milliard d’euros, soit le niveau le plus élevé depuis le début du siècle.

    média+ : Quelles sont les raisons de ce recul ?

    Véronique Cayla : Il y a plusieurs explications à ce recul. Tout d’abord une raison calendaire. On voit bien qu’il y a eu en 2007 des commandes fortes, notamment en termes de feuilletons quotidiens, mais passées en fin d’année donc qui ne rentrent pas dans ces résultats. Ce qui nous permet d’être optimiste pour 2008… Autre raison qui peut être avancée pour expliquer cette contraction, c’est l’atonie de la publicité durant l’année écoulée. Heureusement qu’il y a eu une ouverture du marché publicitaire à la grande distribution, on a ainsi pu éviter une baisse plus significative. Et puis bien sûr, ce phénomène est également à relier avec la révolution numérique en cours. Les audiences sont fragmentées, divisées entre les chaînes historiques, la TNT, les chaînes du câble et du satellite. Il ne faut pas oublier que ce sont ces chaînes hertziennes qui sont les acteurs majeurs de la production, et elles accusent une baisse. Or les nouveaux diffuseurs n’ont toujours pas pris le relais puisqu’ils préfèrent acheter leurs programmes au lieu de les produire, à l’exception des magazines. Mais, d’ici 2009, ils devraient préférer le schéma inverse afin de développer leurs marques pour se démarquer.

    média+ : Quelles remarques pouvez-vous faire sur l’évolution des genres de programmes?

    Véronique Cayla : Sur les genres, la fiction française est en pleine mutation. En 2007, elle se cherche encore, essaye de trouver les clés de son succès. Son recule est de 3,4%, ce qui équivaut à 807 heures de programmes contre 835 en 2006. Sachant qu’une grande révolution s’est tout de même opérée: celle du format du genre. Le phénomène du 52′ se développe et s’accentue. Les formats dits internationaux, les 26′ et 52′ représentent, en effet, les deux tiers de la production française alors qu’en 2004 ils ne représentaient qu’un tiers. La mutation a été très forte. Le 90’continue tout de même à exister sur des programmes unitaires sur certaines chaînes, telles que TF1 et France 2. Sur le documentaire, la situation est paradoxale puisque son volume, qui s’était à peu près stabilisé à 2 000 heures depuis 2 ans, recommence à baisser (1 832 heures). Notamment parce que le volume commandé par les chaînes historiques a diminué (-12,2% pour les chaînes publiques). En parallèle, ce genre continue sa progression à l’international: la moitié des documentaires français les plus visionnés au MIPDOC étaient français. Il existe une vraie renommée du documentaire français. Sur l’animation, l’année 2006 correspondait à la phase haute du cycle de production avec une aide sur 419 heures. 2007 est donc logiquement en retrait tout en restant à un niveau important (314 heures).