L’Idate est un des premiers centres d’études et de conseil en Europe, fondé en 1977. Sa mission est d’accompagner les décisions de ses clients présents sur les secteurs des télécoms, d’Internet ou des médias. Le 20 mai, ce centre d’études a sorti son livre annuel, le «DigiWorld Yearbook 2008», qui rassemble des données sur les mutations du monde numérique qui ont eu lieux l’année dernière. Yves Gassot, le Directeur Général de l’Idate ainsi que Didier Pouillot, le coordinateur du projet «DigiWorld» livrent à media+ les enjeux du monde numérique de 2008.
média+ : Quels sont les constats sur l’année 2007?
Yves Gassot : Plusieurs constats ressortent en effet de 2007 dans le «DigiWorld Yearbook 2008», qui couvre globalement les marchés de l’information et de la communication électroniques. Premier constat, l’ensemble des marchés que je viens de décrire, pèse en 2007, au niveau mondial, 2 750 milliards d’euros. Soit un tout petit peu plus de 7% du PIB mondial avec un gain de croissance de 5,8% par rapport à 2006. La période 2005-2006 ayant connu une croissance de plus de 6%. Il existe tout de même des contrastes importants entre les différents continents: les marchés du «DigiWorld» continuent de patiner sur l’Europe avec 3,7% de croissance. Une croissance modérée en Amérique du Nord (+5,1%). En Asie Pacifique, la croissance est quant à elle de 6,7% tout en sachant que le Japon compte pour la moitié. Pour l’Afrique, l’Amérique Latine et le Moyen-Orient, le bon est de 12%.
média+ : Quels sont les contrastes que vous avez observés, par secteurs d’activité ?
Yves Gassot : Sur la période 2005-2006, la dynamique dans les équipements était plus forte que celle des services. Là, on revient à l’équilibre de la décennie précédente: des services (70% des valeurs de nos marchés) légèrement supérieurs aux équipements. Du côté des services de télécom, la croissance est de 6%, soit au-dessus de la moyenne des marchés du «DigiWorld». Toutefois, j’y mettrais deux bémols. D’une part, la croissance moyenne cache de grandes disparités: l’Amérique du Nord et l’Europe sont à la traîne de l’ensemble du marché. D’autre part, le mouvement de consolidation n’est pas encore stable. Ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui, les opérateurs télécoms ont retrouvé de nouveaux élans afin de repartir à l’assaut national voir régional des marchés. Un fait nouveau: l’arrivée dans ce concert de méga groupe, des sociétés qui se consolident autour des financements du golfe arabe qui prennent des positions sur l’ensemble des marchés d’Afrique et du Moyen Orient.
média+ : Et sur le marché des médias ?
Yves Gassot : Sur le marché de la TV, cela tranche avec ce qu’on avait pour habitude de dire. La croissance est en retrait, elle passe de 5,8% en 2006 contre 3,8% en 2007, ce qui représente 268 milliards d’euros. Les trois principaux marchés mondiaux, les USA, le Japon et l’Europe restent très largement dominants, représentant à eux trois 78% des recettes mondiales. Les recettes de télévision par abonnement affichent les taux de croissance les plus forts. Mais, plus que ce retrait, c’est l’avenir qui est préoccupant. Aujourd’hui, on a envie de la regarder n’ importe où et n’importe quand sur un terminal. Et qu’importe le contenu! Les populations veulent un schéma de télévision délinéarisé. On est en train de réinventer la TV avec des variantes qu’on n’avait pas du tout prises en compte: la catch up, le DVD enregistrable etc. Ce qui déstabilise les chaînes, à notre avis, c’est beaucoup plus la dispersion des audiences, dûe à la multiplication de celles-ci, qu’aux nouveaux supports de contenus.