USA: l’ancienne figure des cryptomonnaies Sam Bankman-Fried prévoit de témoigner à son procès

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L’ancienne figure des cryptomonnaies Sam Bankman-Fried prévoit de témoigner à son procès, a confirmé mercredi une source proche du dossier, une initiative relativement rare dans une procédure pénale aux Etats-Unis. «SBF» est accusé d’avoir organisé l’utilisation, illégale, de fonds déposés sur sa plateforme d’échange de cryptomonnaies FTX à l’insu des clients.

Jusqu’à 14 milliards de dollars ont ainsi été siphonnés pour alimenter les investissements, souvent risqués, de sa société d’investissement Alameda Research. Quelque 8 milliards manquaient à l’appel au moment du dépôt de bilan de FTX en novembre 2022.

Depuis la faillite de FTX, et jusqu’à son procès, l’accusé a toujours nié avoir enfreint la loi. Il affirme avoir été victime des mauvais choix de cadres auquel il avait délégué des fonctions opérationnelles.

Mais depuis l’ouverture des débats, il y a trois semaines, trois témoins clés, anciens de FTX ou d’Alameda, ont battu en brèche cette version.

Ils ont assuré, soutenus par des documents internes rassemblés par l’accusation, que l’ancien petit génie des cryptomonnaies était bien à l’origine des infractions et n’a jamais perdu de vue la situation financière de FTX et d’Alameda. Le contre-interrogatoire de ces témoins par les avocats de «SBF» n’a pas mis en évidence de faille dans le récit de ces anciens collaborateurs.

Sa défense fragilisée, Sam Bankman-Fried entend donc témoigner, abattant ainsi sa dernière carte pour redresser la barre. Il encourt jusqu’à 110 années de réclusion en cas de condamnation.

L’accusation a indiqué au juge fédéral Lewis Kaplan qu’elle pourrait conclure la présentation de ses témoins jeudi. Elle cèdera ensuite la main à la défense, qui sera libre de produire le ou les témoins de son choix.

Les accusés jugés lors de procès pénaux aux Etats-Unis choisissent souvent de ne pas témoigner, pour éviter de s’incriminer eux-mêmes, en particulier lors du contre-interrogatoire par l’accusation.

Récemment, Harvey Weinstein, Bill Cosby, le chanteur R. Kelly, Ghislaine Maxwell (affaire Jeffrey Epstein), Derek Chauvin (condamné pour le meurtre de George Floyd) ou le narcotrafiquant Joaquin Guzman, dit «El Chapo», ont tous préféré ne pas s’exprimer au tribunal. Une étude de la faculté de droit de l’université de Cornell, publiée en 2009, a indiqué que 77% des accusés qui choisissaient de témoigner étaient condamnés, contre 72% seulement pour ceux ayant opté pour le silence.