Vente des logiciels Autonomy au groupe HP : l’homme d’affaires britannique Mike Lynch a été extradé aux Etats-Unis

213

L’homme d’affaires britannique Mike Lynch «a été extradé aux Etats-Unis» jeudi où il va être jugé dans une vaste affaire de fraude liée à la vente des logiciels Autonomy au groupe HP. «Après un long processus d’extradition au Royaume-Uni, l’accusé Michael Richard Lynch est finalement arrivé sur notre territoire pour y être jugé», ajoutent par ailleurs des documents enregistrés au tribunal fédéral du district nord de Californie datés de jeudi dernier.

Ces documents indiquent aussi que M. Lynch devra payer une caution de 100 millions de dollars pour être libéré, étant donné qu’il est considéré comme présentant un «sérieux risque de fuite». Il devra résider à San Francisco ou aux alentours et être gardé en permanence par une société de sécurité, précisent les conditions pour libération sous caution décrites dans le document. Un porte-parole de M. Lynch s’est refusé à tout commentaire. M. Lynch avait perdu une procédure en appel devant la justice britannique contre son extradition vers les États-Unis le 21 avril. Il est accusé d’une fraude à plusieurs milliards de dollars dans la vente de l’éditeur britannique de logiciels Autonomy au groupe américain Hewlett Packard (HP) pour plus de 11 milliards de dollars en 2011. La procédure comporte un volet civil au Royaume-Uni ainsi qu’un volet criminel aux États-Unis. Le gouvernement britannique avait signé dans ce cadre, en janvier 2022, un ordre d’extradition de M. Lynch. Un an après la transaction en cause dans ce dossier, HP avait accusé Autonomy d’avoir truqué ses comptes, après avoir découvert ce que le groupe américain présente comme «des irrégularités comptables importantes». HP reprochait notamment à l’ancien DG d’Autonomy, Mike Lynch, et à l’ancien directeur financier de la société, Sushovan Hussain, d’avoir artificiellement gonflé les revenus déclarés, la croissance des revenus et les marges de l’entreprise.

Le groupe américain avait alors passé presque 9 milliards de dollars de dépréciations, dont plus de 5 milliards présentés comme le résultat de manipulations comptables perpétrées au sein d’Autonomy avant la transaction. HP a réclamé auprès de la Haute Cour de justice de Londres un remboursement de ces 5 milliards de dollars aux deux ex-dirigeants d’Autonomy. Sushovan Hussain a quant à lui déjà été condamné à de la prison aux États-Unis et écroué. M. Lynch, originaire du Suffolk à l’est de l’Angleterre, réfute tous les chefs d’accusation contre lui. Les documents du tribunal décrivent quant à eux «des preuves substantielles». Les problèmes légaux de M. Lynch pèsent aussi depuis des mois sur la société d’intelligence artificielle et de sécurité informatique britannique Darktrace, dont M. Lynch est un investisseur de la 1ère heure.

La possibilité de l’extradition de Mike Lynch avait créé l’émoi dans la communauté des affaires britanniques, plusieurs chefs d’entreprises proéminents ayant signé en février une lettre commune au gouvernement soulignant, d’après la presse britannique, qu’un traité d’extradition «proclamé peu après les attentats du 11 septembre 2001 pour permettre de poursuivre des terroristes a été utilisé pour régler un différend commercial qui était déjà examiné par les tribunaux britanniques». Les signataires parlaient d’un précédent «très inquiétant pour tous ceux qui dirigent une entreprise au Royaume-Uni».