Vivatech, entre bonheur et appréhension à l’ouverture d’un salon hybride

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«C’est encore la phase de test»: les exposants oscillaient entre bonheur et appréhension mercredi à l’ouverture de Vivatech, le premier grand salon professionnel à se tenir en France depuis l’allègement des restrictions sanitaires. Avec une jauge limitée à 5.000 personnes, il est organisé de façon hybride. «On a eu peur en arrivant, quand on a vu que la queue des exposants était beaucoup plus grande que celle des visiteurs», raconte Romain Bouiller, président-fondateur d’une startup présente dans la gestion des déchets. «On s’est vraiment posé la question de venir ou pas, quand on a su que le format serait moitié présentiel, moitié en ligne», admet-il. Annulée en 2020 pour cause de pandémie, la cinquième édition du forum annuel des startups et de la technologie se déroule du 16 au 19 juin avec une organisation remodelée. Il se tient sur une superficie réduite à 25.000 mètres carrés, contre 56.000 mètres carrés en 2019. L’entrée étant conditionnée à la présentation d’un test négatif ou d’un certificat de vaccination, certains exposants redoutent que ces contraintes fassent fuir les visiteurs, au profit de la version virtuelle du salon. «On y va un peu à l’aveugle», s’angoisse Alexandre Amaral, gestionnaire de projets pour Datakatab, une des 1.400 jeunes pousses présentes sur place selon les organisateurs. «J’espère sincèrement qu’il y aura du monde, on en a besoin». De son côté, Chloé Carrière se balade dans les couloirs encore calmes et aérés de Vivatech, déguisée en astronaute et persuadée que l’originalité du format est l’occasion d’innover. «Ca tombe bien puisque c’est le but du salon ! (…) La partie présentielle permet de reconnecter en vrai et la partie digitale permet de rester international parce qu’on n’est pas tous égaux face aux restrictions de voyage», dit-elle. Vivatech avait accueilli 124.000 visiteurs en 2019, 13.000 startups et 3.300 investisseurs, avec 125 pays représentés. «Moi, je viens de Suisse donc c’est mon premier voyage depuis début 2020», témoigne «Galactique Chloé», qui se réjouit d’être sur place et d’animer le pavillon SwissTech. À quelques pas, Rasmus Jänteruz et Axel af Ugglas, deux exposants suédois, ont eux aussi fait le déplacement. «Nous ne sommes pas inquiets. Si beaucoup de monde se présente, tant mieux. Sinon, tant pis, au moins on aura essayé et on aura été là pour la réouverture», relativisent-ils. «Je pense que tout le monde veut sortir après l’année qu’on vient de passer, donc je suis convaincue que le maximum de la jauge sera atteint», se convainc Dominique Beke a Begueni, exposante et membre de la communication chez la Poste. «C’est important de tenir un salon comme ça, pour montrer justement tout ce qu’on peut faire de manière numérique, connectée, et innovante», insiste-t-elle. C’est également ce que pense Côme Berbain, directeur d’innovation pour le groupe RATP: «même si c’était difficile à organiser, le format hybride nous permet de ne pas toucher les mêmes personnes. On a des gens qui ne venaient pas physiquement qu’on va pouvoir toucher avec le numérique». «Je suis contente de revenir juste pour parler aux gens, surtout dans la tech c’est important le réseautage. En ligne, c’est pas mal non plus car on a accès à toutes les interventions, conférences, expositions et démonstrations», se réjouit Philippine Horak, une des premières visiteuses du salon. «Même si chaque visiteur ne peut venir qu’une seule journée sur le site, ça fait du bien de revenir. Faire un test, c’est gratuit en France et ce n’est pas bien compliqué», lâche Thibault Moufle. Plus loin, Chris, également visiteur, renchérit: «c’est vrai ! Maintenant, en 10 minutes à la pharmacie, c’est bouclé. Et puis, si c’est le prix à payer pour que ce genre d’événement rouvre, je le paye sans hésiter !».