Vivendi lance l’offensive contre Elliott

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Le groupe français Vivendi a lancé dimanche une attaque en règle contre le fonds américain Elliott dans un argumentaire visant à convaincre les actionnaires de l’opérateur Telecom Italia (Tim) de remplacer 5 membres du conseil d’administration par ses candidats lors de l’assemblée générale (AG) prévue le 29 mars. «Vivendi a détaillé aujourd’hui ses propositions pour redonner de la valeur à Telecom Italia dans le cadre d’une sollicitation de procurations, lancée conformément au droit italien», explique le groupe dans un communiqué. Dans ce document de 48 pages, le groupe dirigé par Vincent Bolloré entend démontrer que le fonds Elliott, qui lui a ravi le contrôle du CA en mai 2018, agit avec des ambitions financières de court-terme qui nuisent à l’opérateur italien. «Depuis l’AG de mai 2018, Elliott a trompé les investisseurs. Ses actions ont conduit à une destruction de valeur significative, et mis en danger la stabilité financière de Tim, tandis qu’Elliott profitait du déclin du prix de l’action grâce à un «collar» (mécanisme financier permettant de protéger sa participation en cas de baisse du cours, NDLR)», affirme Vivendi au début du document. En 2018, Tim a subi une perte nette de 1,4 milliard d’euros, contre un bénéfice de 1,1 milliard un an plus tôt. L’entreprise prévoit une année 2019 également difficile. En Bourse, son titre a chuté de 25% en un an (0,54 euros à la clôture vendredi à Milan). Tim fait face à la concurrence nouvelle du français Iliad en Italie, parmi d’autres difficultés. Mais pour Vivendi, qui contrôle 23,9% de son capital, l’opérateur souffre avant tout de la gouvernance d’Elliott, 2ème actionnaire avec 9,4% des parts. «L’avertissement du 17 janvier sur les résultats du quatrième trimestre (…) représentent soit une défaillance matérielle majeure en termes de discipline opérationnelle et financière au sein de l’entreprise, soit une nouvelle tentative, cynique et destructrice de valeur, de «charger la barque» pour abaisser les attentes du marché et ainsi créer, potentiellement, un nouveau point bas d’entrée (au capital) pour Elliott», assène Vivendi. Le fonds activiste américain, parfois qualifié de «vautour», a pris le 4 mai le contrôle de la plus haute instance lors d’une assemblée générale d’actionnaires. Il accusait alors le groupe français de Vincent Bolloré de servir uniquement ses propres intérêts.En novembre, les dix administrateurs «indépendants», proches d’Elliott, ont décidé la révocation surprise d’Amos Genish, qui dirigeait le groupe depuis 14 mois. M. Genish est considéré comme un proche de Vincent Bolloré. «Elliott avait promis une «gouvernance de première classe», mais au final il n’a réalisé qu’une succession d’actions intéressées», martèle Vivendi à l’intention des actionnaires, tout en assurant ne pas avoir «d’ambitions de contrôle» et vouloir uniquement un CA avec une majorité de membres «indépendants». «Seul un conseil approprié, indépendant, avec une expertise renforcée dans le secteur des télécoms, aura la crédibilité nécessaire pour superviser un plan qui puisse bénéficier à tous les actionnaires de Tim», soutient le groupe français, qui dresse une liste des fautes commises, selon lui, par les cinq membres qu’il souhaite faire révoquer, et fournit les CV détaillés de ses 5 candidats. Vivendi revient aussi sur l’un des principaux différents qui l’ont opposé Elliott: l’avenir du réseau de téléphonie fixe de Tim. L’opérateur italien a annoncé avoir lancé des discussions avec Open Fiber, la filiale de l’électricien italien Enel, spécialisée dans la fibre optique, afin d’évaluer toutes les options possibles, dont une fusion de leurs réseaux fixes. Elliott souhaite la création d’un réseau unique en Italie, avec Open Fiber. Vivendi, de son côté, est d’accord pour séparer le réseau, comme le demande notamment le gouvernement, mais souhaite, en revanche, que Telecom Italia continue à en contrôler la totalité.