5G: «La France a pris un peu de retard», déclare le PDG d’Orange Stéphane Richard

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«La France a pris un peu de retard» sur la future génération de réseaux mobiles 5G, en comparaison à ses voisins européens, a déclaré le PDG de l’opérateur Orange Stéphane Richard, même s’il estime qu’une commercialisation est «faisable» avant la fin de l’année. Initialement prévu en avril mais repoussé en raison de la pandémie de coronavirus, le coup d’envoi de l’enchère principale d’attribution des fréquences 5G, qui devrait rapporter plusieurs milliards d’euros à l’Etat, débutera le 29 septembre. «La France a pris un peu de retard, puisqu’il y a déjà plusieurs grands pays européens ayant attribué leurs fréquences qui ont lancé le déploiement du réseau et même déjà les offres. Le premier pays dans lequel on a lancé la 5G c’est la Roumanie, il y a un an déjà», a souligné M. Richard. «Il n’y a rien de dramatique mais je pense qu’il était vraiment temps de le faire. C’est la raison pour laquelle on a milité pour le maintien du calendrier», a-t-il ajouté, alors que son concurrent Bouygues Télécom avait milité pour les décaler à 2020-2021. De quoi rendre possible une commercialisation des 1ères offres dans la plupart des grandes villes dès fin 2020? «Lancer une offre 5G, avec une gamme de terminaux suffisante et un minimum de couverture du pays, c’est faisable avant la fin de l’année. Evidemment, si l’on avait lancé (les enchères) 6 mois plus tôt, la couverture serait plus importante», a estimé le patron d’Orange. En offrant une augmentation considérable des débits, le futur réseau 5G doit permettre le développement de nouveaux usages grand public et industriels. Mais elle se heurte à l’hostilité d’une partie de l’opinion et de plusieurs responsables politiques locaux ou d’ONG, qui invoquent des risques pour la santé ou l’environnement. «Je l’entends et évidemment je ne peux pas l’ignorer. J’observe que le débat est plus fort en France que partout ailleurs en Europe. Il y a une exception française là-dessus», a souligné M. Richard. «Il y a un côté, un peu troublant, de voir que c’est un débat plus fort que partout ailleurs alors que dans l’état actuel des connaissances, absolument rien ne vient étayer la thèse selon laquelle la 5G poserait un problème pour la santé», a-t-il souligné, alors qu’un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) sur le sujet est prévu début 2021. Concernant son impact environnemental, «la 5G n’est pas un problème mais une technologie qui va aider la transition écologique», a-t-il estimé. «Est-ce que la 5G est moins bonne sur le plan énergétique que la 4G? Pour nous, la réponse est clairement non. Au contraire, c’est une technologie qui va permettre d’absorber beaucoup plus de trafic de données. C’est infiniment plus efficace», a complété le patron d’Orange. «Le gouvernement considère que la 5G est un élément de compétitivité essentiel pour l’économie française. Il n’a échappé à personne que l’on est dans une crise économique, avec une dépression massive et un vrai risque aussi sur le tissu industriel, donc ce n’est pas le moment d’aller tourner le dos au progrès, à une technologie qui va être déployée partout ailleurs», a-t-il encore souligné. Si Orange, qui a opté en France pour les équipementiers Nokia et Ericsson, n’est pas concerné par les très fortes restrictions imposées à Huawei, les secousses de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine peuvent se poser dans les autres pays européens où l’opérateur possède «des parties» de réseaux avec l’équipementier chinois. «Beaucoup de pays sont gênés par cette question de Huawei. La tendance générale que l’on voit en Europe, c’est la fermeture des réseaux à Huawei, progressive peut-être mais c’est cela que l’on voit à peu près partout», a constaté M. Richard. «On gère tout ça au cas par cas. En Espagne, on a reconduit Huawei sur pratiquement la moitié de notre réseau radio, sans problèmes, a-t-il ajouté. En revanche, vous dire ce que l’on fera dans quelques mois en Belgique, en Pologne, ou en Roumanie, je ne sais pas encore».