Le Parlement de Singapour a voté mardi une loi pour limiter l’utilisation des données collectées pour le traçage des cas contacts de coronavirus, après la reconnaissance par le gouvernement que la police pouvait y avoir accès. La cité-Etat d’Asie du Sud-Est avait lancé «TraceTogether», un programme de traçage des personnes en contact avec des malades du Covid-19 téléchargeable sur smartphone ou fonctionnant avec un boîtier dédié, en promettant de n’utiliser les données que pour la lutte contre la pandémie.
Peu adoptée au départ en raison d’inquiétudes sur la confidentialité des données, l’application a ensuite été adoptée par plus de 80% des habitants après les assurances reçues du gouvernement qu’elle ne servirait qu’à combattre le virus et une décision de la rendre obligatoire pour accéder à certains lieux publics comme les centres commerciaux.
Mais les autorités ont suscité l’indignation et la colère début janvier en admettant que les données recueillies pouvaient être consultées par la police dans le cadre d’enquêtes judiciaires et que cela avait été le cas pour une enquête sur un meurtre.
Mardi, les députés ont voté une loi limitant, sans les interdire totalement, les possibilités pour la police d’accéder à ces données dans sept types d’affaires criminelles dont la possession d’armes à feu, le terrorisme et le viol. Avant le vote, le ministre des Affaires étrangères Vivian Balakrishan a reconnu devant le Parlement que le gouvernement avait fait une erreur en ne disant pas clairement que la police pouvait accéder aux données recueillies.
«J’assume la pleine responsabilité de cette erreur et je regrette profondément la consternation et l’anxiété provoquées par mon erreur», a déclaré M. Balakrishnan qui avait supervisé le lancement du programme.
L’organisation Human Rights Watch avait accusé le gouvernement singapourien, critiqué régulièrement pour réprimer les libertés civiles, de «saper le droit à la confidentialité» et d’avoir «exploité secrètement la pandémie pour renforcr sa surveillance et son contrôle sur la population».
Le riche pays d’Asie du Sud-Est a été plutôt épargné par la pandémie avec moins de 60.000 cas de Covid-19, essentiellement chez les travailleurs migrants, et 29 morts.
De nombreux pays ont déployé des applications de traçage, comme TousAntiCovid en France, avec des succès variés à cause principalement d’inquiétudes sur le respect de la vie privée.