L’ancienne employée de Facebook (devenu Meta), à l’origine d’un livre cinglant sur son ancienne entreprise, témoignera mercredi devant des sénateurs américains souhaitant déterminer si le géant des réseaux sociaux a collaboré avec le gouvernement chinois. L’ancienne responsable des principes et des pratiques (policy) du groupe, Sarah Wynn-Williams, a affirmé dans «Careless People» (des gens indifférents) que Facebook avait conçu des projets pour être accepté sur le marché chinois. La firme de Menlo Park (Californie) avait notamment créé des outils permettant de censurer les contenus afin d’apaiser Pékin – des projets qui n’ont pas été mis en oeuvre, selon la société.
Sarah Wynn-Williams affirme que Meta, sur demande des autorités chinoises, a notamment suspendu le compte d’un dissident chinois vivant aux Etats-Unis, et que l’entreprise effectue, depuis 2015, des points réguliers avec Pékin, notamment sur l’IA. «J’ai observé les dirigeants décider de fournir des données personnelles d’utilisateurs» de plateformes de Meta à Pékin, «y compris des Américains», a indiqué la lançeuse d’alerte dans le propos liminaire publié par la sous-commission du Sénat sur le crime et le contre-terrorisme, avant son audition. Sarah Wynn-Williams soutient que contrairement à la communication de Meta, le groupe californien a bien une activité conséquente en Chine, qui est même devenu son deuxième marché derrière les Etats-Unis. Le témoignage de Sarah Wynn-Williams, qui a travaillé pour Facebook de 2011 à 2017, devant la sous-commission judiciaire du Sénat, portera sur les relations de Meta à l’étranger et sur ce que ses dirigeants, notamment le cofondateur et patron Mark Zuckerberg, ont déjà dit lors d’auditions antérieures au Congrès, sur ce sujet. Le livre de Sarah Wynn-Williams, publié le 11 mars, est un succès en librairies, malgré les tentatives du géant des réseaux sociaux d’empêcher sa sortie. Outre les projets pour pénétrer le marché chinois, l’auteure évoque des comportements inappropriés et du harcèlement sexuel de la part de Joel Kaplan, ancien membre du parti républicain et allié de Donald Trump, qui a pris la tête des Affaires internationales de Meta en janvier. Elle y dépeint aussi Mark Zuckerberg comme un dirigeant froid, imprévisible, devenu imbu de lui-même, en quête de popularité et d’attention. Le groupe a saisi, en urgence, un tribunal arbitral, qui a estimé que Sara Wynn-Williams devait arrêter de promouvoir son ouvrage en attendant que l’affaire soit examinée sur le fond, puisqu’elle avait signé un accord de non-dénigrement à son départ en 2017. Mais l’éditeur, Flatiron Books, filiale du groupe Macmillan Publishers, a refusé d’arrêter la diffusion ou la promotion du livre. Un porte-parole de Meta avait indiqué sur X que l’ancienne employée avait «été licenciée en raison de ses mauvaises performances et de son comportement toxique», en affirmant qu’une «enquête menée à l’époque a révélé qu’elle avait fait des allégations trompeuses et infondées». «Son livre est un mélange de vieilles affirmations et de fausses accusations», avait-il ajouté. L’ouvrage occupe la deuxième place sur la liste des best-sellers du New York Times, suivi de près par un autre titre très critique à l’égard de Meta. «The Anxious Generation» («La génération anxieuse»), paru il y a un an, brosse un tableau sombre des effets des médias sociaux sur les enfants..