La ministre chargée du Numérique a défendu jeudi à l’Assemblée nationale une vérification de l’âge «au niveau européen» pour accéder aux réseaux sociaux, face à la commission d’enquête chargée d’évaluer les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs. Auditionnée par les députés, Clara Chappaz a plaidé pour «une harmonisation de la vérification d’âge» au niveau de l’Union européenne pour ensuite «laisser la possibilité pour chaque État-membre de déterminer l’âge auquel l’accès des réseaux sociaux est autorisé.» La ministre s’est donné «trois mois» pour faire passer l’âge minimum d’utilisation des réseaux sociaux à 15 ans en France. Si la plupart d’entre eux interdisent théoriquement aux moins de 13 ans de s’inscrire, près d’un enfant âgé de 11-12 ans sur deux y est présent, selon l’Arcom, le régulateur du secteur. «Si nous n’y parvenons pas, nous prendrons des mesures à l’échelle nationale», a-t-elle assuré, dans la lignée des déclarations du président Macron, tout en reconnaissant ne pas avoir «toutes les réponses» sur la possibilité d’une telle application en France face au droit européen. «On étudie un certain nombre de pistes», a-t-elle expliqué, sans donner plus de détails. La ministre a également insisté sur le «consensus scientifique solide» autour des dangers liés à l’exposition intensive des 8-15 ans à ces plateformes, détaillant «des troubles du sommeil, des troubles alimentaires, une augmentation des comportements à risque et un enfermement dans des bulles algorithmiques». Sur les moyens techniques pour appliquer la vérification de l’âge, Clara Chappaz a renvoyé aux mesures mises en place ces derniers mois pour bloquer l’accès des mineurs aux sites pornographiques. Le règlement européen sur les services numériques (DSA), entré en vigueur l’an dernier, stipule que la vérification de l’âge des utilisateurs de services relève des applications ou des sites eux-mêmes. Mais des géants du secteur comme Meta (Facebook, Instagram) militent pour que cette charge revienne aux boutiques d’applications mobiles de Google et Apple, ce que refusent ces derniers. «Il faut sortir absolument de ce ping-pong dans lequel les acteurs se renvoient la balle», s’est agacée la ministre. Les parlementaires, qui ont auditionné près de 150 experts et acteurs du secteur et mené une consultation publique ayant reçu plus de 30.000 réponses, doivent rendre leur rapport avant le 12 septembre.