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Quels nouveaux formats documentaires envisagez-vous d’explorer pour 2025 ?
ANTONIO GRIGOLINI
Avec un regard rétrospectif sur l’année 2024, nous avons réussi à placer le documentaire au centre de la vie culturelle et sociale du pays. C’est également l’enjeu pour 2025 et pour les années à venir. En 2024, c’était particulièrement vrai avec des documentaires comme «Au cœur des Jeux» pour les Jeux olympiques, ou encore «Notre-Dame Résurrection», ou « Soumission Chimique » diffusé récemment. L’objectif est toujours le même : proposer des documentaires qui résonnent avec des moments clés ou des thèmes centraux qui traversent la vie du pays. Pour cela, nous travaillons sur une programmation ambitieuse, notamment en première partie de soirée sur France 2, tout en dynamisant notre offre. Cela passe par des formats audacieux et une diversité des propositions. Pour vous donner une idée, nous avons actuellement plus de 30 projets de séries documentaires en développement, en production, ou prêts à être diffusés. Cela fait de France Télévisions un acteur incontournable de la série documentaire en France. Nous explorons tous les genres : histoire, science, société, politique, découverte… Nous lançons d’ailleurs prochainement notre première série documentaire destinée aux enfants.
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Quelle est la promesse de cette série documentaire pour les jeunes ?
ANTONIO GRIGOLINI
Prévue sur Okoo, la série «La Cour des Grands», cible les enfants de 8 à 10 ans et se présente sous la forme de 10 épisodes de 26’, produits par J2F. L’idée est de suivre six enfants, dans différentes régions de France, tout au long de leur année de sixième. On les accompagne depuis la rentrée scolaire jusqu’à la fin de l’année. Ce n’est pas une série sur l’école en tant que telle, c’est une série qui raconte une étape de vie cruciale : ce moment charnière où l’on commence à quitter l’enfance pour se projeter dans l’adolescence. Nous l’avons pensé pour une diffusion à la fois linéaire et non linéaire, dans l’offre Okoo.
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France 4, justement, bascule sur le canal 4. Cela change-t-il la donne pour vous en matière d’exposition documentaire ?
ANTONIO GRIGOLINI
C’est encore trop tôt pour en mesurer les implications concrètes. Les annonces sont très récentes. Ce que l’on peut dire, c’est que c’est une excellente nouvelle pour la visibilité de l’offre jeunesse et culturelle de France Télévisions. Nous travaillons sur l’organisation de cette montée en puissance éditoriale. Mais oui, le documentaire, qu’il soit culturel ou destiné aux enfants, jouera sans doute un rôle.
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Quels projets emblématiques incarnent le renforcement de vos financements pour les documentaires scientifiques en 2025 ?
ANTONIO GRIGOLINI
La science est l’une de nos priorités. Outre l’offre Science Grand Format, qui vise à mieux exposer ce type de films, cela nous permet d’explorer des projets ambitieux comme «Mémoire de Futur». Ce documentaire raconte le travail de scientifiques qui préservent et transmettent ce qui fait notre civilisation pour les générations futures. Ce sont des thématiques fascinantes qui nous sont aussi un miroir sur le travail des archéologues et sur notre propre rapport au temps.
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Les audiences se fragmentent de plus en plus. Comment adaptez-vous votre stratégie documentaire à cette nouvelle réalité ?
ANTONIO GRIGOLINI
Il est essentiel de penser le documentaire en fonction de son contexte. Il faut intercepter les débats, les préoccupations sociétales, et anticiper les sujets qui vont émerger. Prenez «Soumission chimique : pour que la honte change de camp», par exemple : nous avons commencé à travailler avec Caroline Darian, la fille de Gisèle Pélicot, il y a deux ans, bien avant que le procès des viols de Mazan n’éclate. Ce genre d’anticipation est crucial. Nous savons que nous pouvons compter sur le flair et l’audace des producteurs et des productrices français pour ça. Dès lors qu’on résonne avec le pays, la question de la fragmentation se pose très différemment.
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Et les documentaires autour des grands événements sportifs ?
ANTONIO GRIGOLINI
Nous préparons un documentaire sur le Paris-Roubaix, en diffusion cette année, et une série de 6 épisodes sur le Vendée Globe, où nous avons équipé les bateaux pour capturer cette aventure de l’intérieur. Nous travaillons aussi sur des projets autour de l’Ultra-trail du Mont-Blanc et Roland-Garros. Ces documentaires ne se limitent pas à l’exploit sportif ; ils explorent également des thématiques humaines et sociales comme le dépassement de soi ou la résilience, les rôles sociaux. On vise à faire le choix de l’audace dans tous nos projets. L’audace est essentielle pour proposer des contenus qui marquent réellement et durablement les spectateurs. Cela implique parfois d’aller à contre-courant des habitudes, de risquer, de se poser davantage de questions, mais c’est précisément ce qui peut donner de la force et de la résonance à nos films et nos séries au-delà du flot quotidien de contenus et de messages.
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Un dernier mot pour conclure ?
ANTONIO GRIGOLINI
Oui, un appel important : nous avons besoin de projets portés par des réalisatrices. La parité dans la réalisation est un objectif clé pour nous. Nous sommes proches de cet équilibre, mais il est crucial que nos partenaires producteurs s’impliquent davantage pour atteindre cet objectif.