A. LIBERTY (SIRTI) : «3 radios sur 4 vont devoir procéder à des suppressions d’emploi dans les semaines à venir»

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Traversant une crise sans précédent, les radios indépendantes demandent l’exonération des cotisations sociales et patronales. Détails de la situation avec Alain LIBERTY, Président du SIRTI, syndicat des radios indépendantes, premier employeur de la branche de la radiodiffusion.

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Dans quelle mesure les radios indépendantes ont-elles été fragilisées durant la crise ?

Alain LIBERTY

Elles ont été fragilisées de manière inédite. Sur les mois d’avril et de mai 2020, les radios ont perdu respectivement 80 et 60% de leur chiffre d’affaires. Nous sommes soumis à la loi du marché qui est extrêmement tendue. La situation publicitaire des radios indépendantes, dont la moitié des revenus est assurée par la publicité locale, a été particulièrement affectée par la fermeture des commerces pendant le confinement. Le chiffre d’affaires annuel pourrait accuser une baisse a minima de 20% soit 35 M€.

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C’est pourquoi vous demandez une exonération des cotisations sociales et patronales ?

Alain LIBERTY

Absolument ! Nos radios ont été sur le pont pendant la crise. Pour autant, leurs charges salariales ont été maintenues. Nous demandons à être aidés car on ne peut pas se limiter au report de charges consenti par l’État. Alors que trois radios sur quatre vont devoir procéder à des suppressions d’emplois dans les semaines à venir, les 170 radios indépendantes demandent d’urgence l’exonération des cotisations sociales et patronales du dernier trimestre pour un montant estimé à 10 M€.

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Pensez-vous être rapidement entendu par le gouvernement ?

Alain LIBERTY

J’ose l’espérer ! Le ministre de la Culture, à plusieurs reprises, s’est exprimé en faveur de dispositions particulières d’accompagnement des radios locales et indépendantes. On attend de savoir comment ces aides vont s’accorder. Nos entreprises ont des besoins impératifs et immédiats de trésorerie. De nombreuses radios ont été mises en difficultés économiques et s’interrogent sur leur avenir immédiat pour la rentrée. Afin d’éviter de nombreuses suppressions d’emplois, il faut annuler les dernières charges sociales et patronales. Nous avons donc besoin d’une réponse claire et rapide de la part du gouvernement.

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La reprise de l’activité pourra-t-elle compenser le manque à gagner ?

Alain LIBERTY

Dans le meilleur des cas, au mois de juin, nous accuserons une perte de 40% du chiffre d’affaires. Il est donc urgent de soutenir les radios indépendantes. Nous avons déjà assumé de nombreux coûts durant ces trois mois de crise, mais nous ne pourrons pas aller plus loin. Au cours de cette période, nos radios ont redoublé d’efforts pour informer la population et les accompagner. Elles ont maintenu un lien social au cœur des territoires, tout en assurant la promotion d’initiatives locales. Nos radios ont diffusé également de manière massive les messages de sensibilisation du gouvernement auprès du public. Fin mai, nous comptabilisions en net, le coût total de la diffusion de ces messages sur nos radios. Cela représentait 6,5 M€ de coûts de diffusion offerts à l’État.

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Quel est le poids des radios indépendantes en France ?

Alain LIBERTY

Les radios indépendantes sont les premiers employeurs de la radio privée en France. Elles représentent le quart de l’activité économique de la radio privée. L’impact est considérable. 1/5 des salariés des radios indépendantes sont des journalistes.