A Paris, les NFT attirent toujours

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Malgré des ventes en chute libre depuis un an, les certificats numériques, ou NFT, attirent toujours collectionneurs et passionnés d’art numérique, rassemblés en nombre jusqu’à samedi soir dernier lors du salon NFT Paris. Pour sa 2ème édition, l’événement est passé de 600 visiteurs à… plus de 10.000. Le public, plutôt jeune et largement masculin, était réuni pour l’occasion au Grand Palais Éphémère, face à la tour Eiffel. A l’entrée, trônait un gigantesque Schtroumpf blanc, en train d’être colorisé à la bombe par le graffeur parisien André Saraiva. La sculpture devait ensuite être vendue aux enchères, mais surtout, 12.500 figurines uniques des célèbres créatures de Peyo étaient distribuées sous forme de NFT, ces certificats numériques réputés infalsifiables car adossés à la technologie de la chaîne de blocs, ou «blockchain», sur laquelle repose aussi notamment les cryptoactifs. «Les NFT introduisent la notion de propriété dans un monde qui va devenir de plus en plus numérique», explique Alexandre Tsydenkov, organisateur de l’événement.Toutefois, contrairement à de célèbres collections de NFT comme les Bored Apes ou Crypto Punks, les détenteurs de Schtroumpfs virtuels ne pourront pas commercialiser leurs propres produits dérivés, car les droits de leur avatar resteront attachés au propriétaire de la licence, la société belge IMPS. L’idée est surtout de familiariser le public avec la manipulation d’actifs entièrement numériques. Pour attirer le chaland, de nombreuses start-up proposaient, dans le cadre du salon, un code à scanner qui permettait d’installer une application et d’obtenir gratuitement une oeuvre virtuelle ou un jeton pour accéder à une expérience future. «Les portefeuilles crypto seront centraux dans toute la vie numérique, à la manière d’un sac à dos dans la vie réelle», et deviendront à terme les «profils sociaux» d’un futur réseau social décentralisé, imagine Pierre-Nicolas Hurstel, l’un des sponsors du salon et cofondateur d’Arianee, l’un des leaders français du web3, soit la nouvelle génération d’internet. «La France est désormais la place la plus dynamique pour l’écosystème web3 en Europe, et probablement dans le monde», a lancé le ministre délégué au Numérique Jean-Noël Barrot, en visite vendredi dernier. Pour le ministre, les technologies décentralisées du web3 sont les héritières d’une certaine vision originelle d’internet et pourraient permettre de relever certains défis, comme le contrôle de la majorité en ligne. Mais pour le moment, le but affiché le plus souvent est de «créer de l’engagement» et un lien avec le visiteur-consommateur. L’intérêt financier pour les collectionneurs est quasi nul, tant les valorisations liées aux NFT qui avaient atteint des sommets en 2022 se sont effondrées en quelques mois, dans le sillage de tout le secteur des cryptomonnaies. De fait, aucun prix n’était affiché dans tout le salon. Certains n’hésitaient d’ailleurs pas à tourner la situation en dérision, tel le studio EBB dirigé par l’artiste Neil Beloufa, qui proposait aux visiteurs de générer une image à partir d’un scan de leurs fesses…   L’installation, créée en collaboration avec Nicolas Sassoon, spécialiste de l’art numérique, est «une mise en abyme de ce qui se passe dans le monde crypto», estime Constantin Beck, responsable du projet. Après avoir réalisé leur oeuvre, les spectateurs étaient invités à l’acheter en NFT pour 0,08 ether, soit tout de même une centaine d’euros. Enfin, l’attraction principale, qui représentait tous les espoirs des aficionados des NFT, venait tout droit de New York et est signée par l’artiste plasticien Tom Sachs. En août 2021, celui-ci émet 3.000 jetons correspondant à différentes pièces d’une fusée virtuelle. Plusieurs grandes marques, dont le joaillier Tiffany (LVMH), mais également Nike, Chanel, Apple ou Hermès investissent dans le projet. Au NFT Paris, les collectionneurs déjà intéressés par le projet faisaient la queue pour avoir l’occasion de discuter avec l’équipe, qui leur créera une planète à leur image.