Fondée par Isabelle Boni-Claverie et Aïssata Sy, Izzy B. Productions a une mission claire : mettre en lumière les récits et les destins de celles et ceux encore sous-représentés sur nos écrans.
MEDIA +
Quels sont les principes fondateurs qui guident vos choix de production ?
Aïssata SY
Chez Izzy B. Productions, notre objectif est de mettre en lumière des histoires encore peu représentées sur nos écrans. La diversité n’est pas un critère, mais une source inépuisable de récits et d’innovation narrative. Elle nous permet d’explorer des idées nouvelles en s’inspirant de différentes cultures et de difféentes classes sociales. Ce positionnement enrichit notre manière de raconter des histoires et contribue à refléter la richesse de notre société.
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Votre première production, «Être noir à l’Opéra», est un documentaire diffusé le 23 décembre sur ARTE. Racontez-nous ses origines.
Aïssata SY
Le projet est né en décembre 2020, après la parution dans le supplément «M» du Monde d’un article intitulé «À l’Opéra, la diversité entre en scène». Ce dossier mettait en lumière une magnifique photo de cinq danseurs métis et noirs de l’Opéra de Paris, signataires d’un manifeste interrogeant la prise en compte de la diversité au sein de leur institution. Ce manifeste, publié dans le sillage de Black Lives Matter, a poussé l’Opéra de Paris à mettre en place des initiatives pour s’ouvrir davantage à la diversité. Inspirés par cette démarche, nous avons rencontré certains signataires du manifeste, notamment Guillaume Diop, aujourd’hui Danseur Étoile. Nous avons contacté l’Opéra de Paris, et Alexander Neef, son directeur fraîchement nommé, qui a immédiatement accepté l’idée d’un documentaire sur ce sujet. Avec ce soutien, nous avons soumis le projet à ARTE, qui l’a validé. C’est ainsi qu’«Être noir à l’Opéra» a vu le jour.
MEDIA +
Les documentaires occupent-ils une grande partie de vos projets ?
Aïssata SY
Izzy B. Productions est encore une jeune société, et nos projets se partagent entre documentaires et fictions. Notre ambition est de parler des diversités en mettant en avant la richesse narrative que les différences culturelles peuvent offrir. Nous fonctionnons avant tout par coup de cœur et opportunité. Lorsque nous mettons des individus à l’écran, notre objectif est qu’ils soient vus, célébrés et valorisés. Pour garantir cette authenticité, nous appliquons une règle simple : lorsque nous ne connaissons pas un sujet en profondeur, nous faisons appel à des experts.
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Vous avez acquis les droits de la série «Les Bœufs-Carottes». C’est surprenant !
Aïssata SY
Nous travaillons actuellement sur une suite de cette série culte des années 90. À l’époque, «Les Bœuf-Carottes» suivait un duo d’enquêteurs de la police des polices, interprété par Jean Rochefort et Philippe Caroit. Le personnage de Caroit, en plus d’être policier, était père de quatre enfants, dont trois adoptés, issus de cultures différentes. L’idée que nous développons avec un jeune scénariste est de revisiter cette histoire à travers ces enfants, qui ont désormais une trentaine d’années. De cela découle un duo père-fils aux relations explosives, qui doit travailler ensemble ainsi qu’un clan familial multiculturel, où chacun à son mot à dire et qui s’imisce dans les enquêtes. Cette approche permet d’intégrer la diversité au sein d’un clan familial, un sujet qui résonne profondément avec nos valeurs. Sous couvert d’enquêtes policières, la série explorait déjà de nombreuses facettes de la société française – des quartiers à la prostitution, en passant par la drogue. Cela nous offre une toile de fond idéale pour aborder des thématiques variées et actuelles. Nous avons déjà reçu l’accord de Philippe Caroit pour reprendre son rôle, et nous préparons actuellement la présentation du projet aux chaînes.
MEDIA +
Avez-vous fait d’autres acquisitions ?
Aïssata SY
Oui, nous avons acquis les droits du roman «Jeune fille modèle» de Grace Ly (Éditions Fayard), une figure médiatique de la communauté asiatique en France. Nous travaillons avec elle au développement d’un unitaire adapté du livre. Il s’agit d’une comédie romantique ancrée dans l’univers de la gastronomie, avec pour héroïne une jeune femme d’origine sino-cambodgienne et un jeune chef étoilé adepte de cuisine fusion. Ce projet nous permet d’aborder, sur un ton humoristique, des thématiques comme l’appropriation culturelle, les relations mère-fille et les amours de jeunesse.
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Des ambitions internationales ?
Aïssata SY
«Absolument. Nous sommes convaincus que les histoires issues de la diversité ont un fort potentiel à l’international. La rencontre des cultures permet de créer des récits universels qui résonnent auprès d’un large public. Nous travaillons notamment sur un projet de mini-série intitulé «Unbreakable Women», un drame psychologique créé par Isabelle Boni-Claverie. Cette série explore la reconstruction après des agressions sexuelles et aborde la guérison des traumatismes sous la forme d’un thriller psychologique. C’est un sujet universel, traité avec profondeur et sensibilité, qui s’inscrit parfaitement dans une perspective internationale.
LES DIRIGEANTS
I. Boni-Claverie
A. Sy
Co-fondatrice
COORDONNEES
84 avenue de la République 7
5011 Paris
DATE DE CREATION
2020
PRODUCTIONS
«Être noir à l’Opéra» (ARTE) ; «Les Bœufs-Carottes» (en développement)…