Al Jazeera : la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh tuée lors d’affrontements en Cisjordanie

471

La journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh, une des plus connues de la chaîne panarabe Al Jazeera, a été tuée par balle mercredi matin alors qu’elle couvrait une opération de l’armée israélienne dans un secteur tendu de la Cisjordanie occupée. Al Jazeera a accusé les forces israéliennes d’avoir tué «de façon délibérée» et de «sang froid» sa journaliste vedette, atteinte d’une balle dans la tête, alors que le Premier ministre israélien, Naftali Bennett, a affirmé qu’elle avait «probablement» été tuée par des tirs de combattants palestiniens en marge d’affrontements dans le camp de Jénine. Un photographe de l’Agence France-Presse à Jenine a fait état de tirs de l’armée israélienne et a vu le corps de la reporter qui portait un casque et un gilet pare-balles sur lequel était inscrit le mot «presse». Ce photographe a indiqué ne pas avoir vu de miliciens palestiniens à proximité de la scène où la journaliste a été tuée. Un autre journaliste, Ali al-Samoudi, blessé lors de ces affrontements, a accusé l’armée israélienne d’avoir ouvert le feu sur les journalistes. Shireen Abu Akleh «s’est retournée en panique» lorsque son collège Ali al-Samoudi a été touché par balle, et puis elle a été elle-même atteinte d’une balle derrière la tête, a indiqué Majid Awais, témoin de la scène. L’armée israélienne a indiqué avoir mené des opérations dans le camp palestinien de Jénine, afin «d’appréhender» un combattant islamiste. «Durant ces activités de contreterrorisme dans le camp palestinien de Jénine, des dizaines d’hommes armés palestiniens ont ouvert le feu et lancé des objets explosifs en direction des forces israéliennes, menaçant leur vie. Les soldats ont répliqué. Des personnes ont été atteintes», a indiqué l’armée israélienne. «Il semble probable que des Palestiniens armés, qui ont ouvert le feu sans discernement à ce moment, sont responsables de la mort malheureuse de la journaliste», a renchéri M. Bennett, alors que le ministère de la Défense a indiqué «qu’il n’y avait eu aucun tir (de l’armée) en direction de la journaliste», selon une «enquête préliminaire». Palestinienne, chrétienne, âgée d’une cinquantaine d’années et ayant aussi la nationalité américaine, Shireen Abu Akleh avait travaillé à «La Voix de la Palestine», Radio Monte-Carlo, avant de rejoindre la chaîne al-Jazeera, où elle s’est fait connaître à travers le Moyen-Orient pour ses reportages sur le conflit israélo-palestinien. Mercredi, un drapeau noir a été hissé au bureau d’Al Jazeera à Ramallah, en Cisjordanie occupée, à la mémoire de Shireen Abu Akleh, 7ème journaliste tué dans le territoires palestiniens depuis 2018 selon RSF. Dans un communiqué, Al Jazeera a affirmé que Shireen Abu Akleh a été tuée de «façon délibérée» par les forces israéliennes. «Al-Jazeera condamne ce crime odieux, qui a pour objectif d’empêcher les médias de faire leur travail», a indiqué la chaîne qatarie. L’Association des reporters de la presse étrangère en Israël et dans les Territoires palestiniens, la FPA, s’est dite «horrifiée et choquée». Israël a proposé aux Palestiniens une «enquête conjointe» sur la mort de la journaliste, a déclaré son ministre des Affaires étrangères, Yaïr Lapid, mais le gouvernement palestinien a appelé à une «enquête internationale», a indiqué son porte-parole, Ibrahim Melhem. L’ambassadeur américain en Israël, Tom Nides, a quant à lui appelé à une «enquête approfondie» sur la mort de la journaliste «américano-palestinienne», aussi condamnée par l’émissaire de l’ONU au Proche-Orient, Tor Wennesland, et nombre d’organisations de défense des droits de l’homme, notamment Amnesty International.