Alyssa Milano, instigatrice de #MeToo, place «beaucoup d’espoir» en l’avenir

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Cinq ans après avoir allumé la mèche #MeToo, l’actrice américaine Alyssa Milano se réjouit de voir que «les femmes refusent» «de se taire» et place «beaucoup d’espoir» en l’avenir, malgré le recul du droit à l’avortement dans son pays, a-t-elle expliqué lundi. Celle que le grand public a vu grandir dans «Madame est servie» (1984-1992) était de passage à Cannes pour le Mipcom, grand rendez-vous de l’audiovisuel, pour participer notamment à une réunion sur la parité. C’est elle qui, le 15 octobre 2017, avait invité dans un tweet les victimes de harcèlement ou violences sexuelles à témoigner derrière le hashtag «MeToo», dans le sillage du scandale Weinstein, reprenant un mot-dièse créé en 2006 par la militante afro-américaine Tarana Burke. Depuis, «beaucoup de choses ont changé», assure la militante, autrice et productrice de 49 ans. «La plus flagrante, c’est que nous refusons de nous taire», constate-t-elle, citant en outre l’évolution des textes de lois «contre la discrimination et le harcèlement sexuel au travail». Dans l’audiovisuel, le mouvement s’est également traduit par plus d’histoires sur «l’émancipation des femmes» et surtout l’apparition des coordinateurs pour encadrer les scènes de sexe. «Cela fait une grosse différence», estime-celle qui a dit avoir subi une agression sexuelle lors d’un tournage dans les années 1990. Mais le mouvement de libération de la parole s’est aussi accompagné d’un violent retour de bâton, illustré cet été par la révocation du droit à l’avortement décidée par la Cour suprême des Etats-Unis. «L’égalité et l’équité terrifient beaucoup d’hommes blancs au pouvoir et nous enlever le droit à disposer de nos corps est le moyen le plus extrême d’empêcher notre évolution», commente l’actrice. «J’ai beaucoup d’espoir», assure-t-elle pourtant, invoquant la façon dont son fils, qui fait du football mixte («coed soccer»), «et sa génération» ne se contentent pas «d’apprendre que les filles peuvent réaliser les mêmes choses que les garçons mais le vivent vraiment». Côté carrière, la star de «Melrose Place» et «Charmed» a eu «la chance» d’incarner Phoebe Halliwell, une «femme forte combattant les démons», après avoir interprété la fille d’un homme à tout faire (Tony Danza) dans une maison gérée par une femme d’affaires et mère célibataire. Une trame «très progressiste» pour les années 80. L’actrice, qui a démarré sa carrière à 7 ans, emmenée à un casting par sa baby-sitter pour la comédie musicale «Annie», n’a pas connu de succès comparable depuis l’arrêt de Charmed en 2006, malgré des retours télé dans «Mistresses» (ABC) et «Insatiable» (Netflix). Qu’importe, les projets ne manquent pas. Outre une suite de «Madame est servie», Alyssa Milano a signé l’année dernière un contrat d’exclusivité avec A+E Studios, dans le cadre duquel elle a déjà écrit deux scripts. Au programme, une série dramatique, «Things I am seeing without you», «sur la relation entre un père et sa fille», et une comédie sur une «fille atteinte de tocs et de troubles mentaux qui essaie de réintégrer la société après son internement». Quant à son militantisme, il ne date pas de MeToo, comme elle l’a rappelé devant un parterre de femmes au Mipcom.Pour l’enfant star, née d’une mère styliste et d’un père musicien, le tournant est survenu à 15 ans, quand «Madame est servie» était «numéro un aux Etats-Unis et regardée chaque semaine par 26 millions de personnes». A la demande d’Elton John, l’adolescente rencontre un jeune fan, Ryan White, renvoyé de son école car atteint du VIH. «Il m’a demandé si je pouvais l’embrasser à la télévision pour prouver que l’on ne pouvait pas attraper le VIH par un simple contact et j’ai dit oui. (…) C’est à ce moment que ma vie a complètement changé», explique celle qui a alors décidé d’utiliser sa notoriété pour donner de la voix.