Arrivée de la Google TV en France : inquiétude voilée des chaînes historiques

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L’arrivée de la Google TV en France via un boîtier Sony, commercialisée depuis jeudi et qui permet d’accéder à internet, à des vidéos et des applications depuis son poste, bouscule les chaînes historiques, partagées entre scepticisme et inquiétude voilée. Vendue aux alentours de 200 euros, cette box fait s’afficher sur l’écran télé le panel d’applications Google, semblables à celles que le géant américain développe sur smartphones et tablettes (YouTube par exemple). Elle propose également la navigation sur internet via le navigateur Chrome, et donne accès aux offres musique et vidéo du catalogue Sony Entertainment Network. Les téléviseurs connectables à internet sont présents en France depuis 2009 et les chaînes ont déjà commencé à repenser leur offre et leur présence sur internet pour tenter de résister à cette nouvelle donne. L’arrivée du mastodonte de Mountain View sur ce créneau redistribue cependant les cartes. Parmi les chaînes traditionnelles, seul le groupe France Télévisions a choisi pour le moment de développer une application spécialement destinée à la Google TV. «On s’est associés à ce lancement avec l’application «Les Zouzous» qui proposera une offre de vidéos d’animation pour les petits», a expliqué Philippe Deloeuvre, directeur de la stratégie à France Télévisions. «Même si c’est extrêmement bouleversant pour l’industrie, on se dit que ça va se faire pour le bien du public. Arriver les premiers, c’est s’assurer d’avoir une bonne place», a-t-il ajouté. «Que ce soit un succès commercial ou pas, ce n’est pas notre problème. Il ne fallait pas rater le train», a souligné M. Deloeuvre. Certaines chaînes françaises préfèrent plutôt regarder du côté des boîtiers IPTV, qui permettent de recevoir la télévision par ADSL et équipent déjà 12,6 millions de foyers, selon les derniers chiffres de l’Autorité de régulation des télécoms (Arcep). «L’innovation est plutôt du côté des opérateurs télécoms. On préfère se concentrer sur les boxes IPTV, les smartphones, les tablettes et les Xbox. La Google TV, ce n’est pas une priorité pour le moment», a déclaré Christian Bombrun, directeur général adjoint de M6 Web. Position similaire chez Arte France, où Agnès Lanoë, directrice de la stratégie, considère que la chaîne «est déjà très présente sur internet». «Ce n’est pas la même version que la Google TV aux USA, où celle-ci permet de rechercher directement dans les guides des programmes télé», détaille-t-elle en référence à la version française actuelle, où les deux univers, chaînes télé et internet, sont bien distincts. Même si, nuance-t-elle, «cette séparation n’est que provisoire». A TF1, où l’«on va suivre ce produit attentivement», on attend de voir si la Google TV est adoptée par le public pour se lancer. «On espère qu’à cette occasion Google se considèrera vraiment comme un média français qui paye ses contenus, ses impôts et respecte les contraintes de l’audiovisuel», fait remarquer Gilles Maugars, directeur général adjoint de TF1 en charge des technologies. Les chaînes d’information en continu comme Euronews et France 24, au contenu plus facilement transposable vers ce nouveau dispositif, ont en revanche choisi de développer des applications pour la Google TV. «On n’a pas les problématiques des chaînes nationales. Euronews est une chaîne internationale, tous les programmes nous appartiennent, on est multilingue et on a des formats courts et adaptés à ce qu’on appelle le «snacking»», a assuré Walid Chamak, en charge de ce dossier à Euronews.