ARTE/ «Dessiner pour résister» : 5 portraits édifiants de femmes en lutte contre la «violence politique et patriarcale de leur pays»

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De la Syrie à la Russie en passant par l’Inde, la série documentaire «Dessiner pour résister» livre cinq portraits édifiants de femmes en lutte contre la «violence politique et patriarcale de leur pays», crayon au poing.

Cinq épisodes de cette série qui en comptera six à terme seront accessibles dès mercredi sur la plateforme arte.tv, avant une diffusion les 6, 7 et 13 mars en fin de soirée sur la chaîne franco-allemande.

Chacun est consacré à une artiste d’un pays donné (Syrie, Russie, Egypte, Inde, Mexique), mêlant prise de vues réelles, dessin et animation. Le tout sous la houlette de réalisatrices issues du même pays et «rencontrant les mêmes lignes rouges» que ces dessinatrices régulièrement confrontées à la censure, aux intimidations ou menaces de mort, explique la productrice belge Hanne Phlypo (Clin d’oeil films).

Deux Syriennes exilées à Berlin et Istanbul, aidées d’un vidéaste en Syrie, signent ainsi le portrait d’Amany al-Ali, qui enseigne son art à d’autres femmes et dépeint dans ses caricatures la vie à Idlib, dernier bastion rebelle de Syrie, en proie aux raids aériens russes et aux jihadistes.

En Russie, Anna Mosienko a elle suivi l’artiste Victoria Lomasko, qui s’interroge sur les liens entre violence domestique et violence d’Etat. A ces portraits particulièrement émouvants s’ajoutent ceux de l’Egyptienne Doaa El-Adl, dessinatrice de presse reconnue dans le monde arabe, de l’Indienne Rachita Taneja, attaquée en justice pour trois dessins publiés sur les réseaux sociaux, et de la Mexicaine Mar Maremoto, «féministe et queer» dans un pays qui recensait 2.300 féminicides en 2023.

Créée par Vincent Coen et Guillaume Vandenberghe, auteurs du documentaire «Rien n’est pardonné» sur l’ex-journaliste de Charlie Hebdo Zineb El Rhazoui, la série a nécessité cinq ans de travail, ralenti par la crise sanitaire, «des situations personnelles» et autres soubresauts comme l’invasion de l’Ukraine, relate la productrice Estelle Robin You (Grande ourse films).

«Le chemin a été compliqué», abonde Hanne Phlypo, qui a notamment abandonné un projet sur une dessinatrice iranienne, «suivie par des agents secrets» lors du premier essai filmé.

«Ce qui est incroyable, c’est que ces dessinatrices continuent tous les jours» à s’exposer «à des dangers potentiels», souligne-t-elle. La série, qui s’accompagne aussi d’une exposition itinérante, d’une expérience immersive et d’un livre en anglais et en flamand, sera complété en octobre d’un épisode dédié à l’Américaine Ann Telnaes, caricaturiste du «Washington Post».