L’ONG Reporters sans frontières lance en Russie un bouquet satellitaire offrant à la population «une information indépendante»

73

L’ONG Reporters sans frontières a annoncé mardi à Bruxelles l’aboutissement de son projet de bouquet satellitaire offrant à la population russe «une information indépendante», produite en grande partie par des journalistes russes qui ont dû s’exiler après l’invasion russe de l’Ukraine.

Baptisée «Svoboda» («liberté» en russe), ce bouquet se veut, selon RSF, «une preuve que les démocraties peuvent exporter un journalisme indépendant et inverser la logique de la propagande», qui «abreuve» les citoyens russes via les médias contrôlés par l’Etat.

Il s’agit de pouvoir «parler de guerre et de crimes de guerre» à propos de l’Ukraine et non d’«une opération militaire spéciale» (l’expression du président russe Vladimir Poutine, ndlr), ont souligné les promoteurs du projet.

Ce lancement officiel, lors d’une conférence de presse au Parlement européen, était aussi soutenu par la vice-présidente de la Commission, Vera Jourova, qui a salué en Svoboda un outil bienvenu pour lutter contre la désinformation.

«Nous avons échoué dans cette guerre de l’information», a lancé la commissaire tchèque, chargée des Valeurs et de la transparence. «Je ne suis pas heureuse de le dire, mais nous n’étions pas préparés à une communication aussi agressive et à une telle capacité des Russes à adapter les campagnes de désinformation à chaque Etat membre (de l’UE), avec des récits différents», a-t-elle ajouté.

L’offre de Svoboda, en langue russe, est destinée aux téléspectateurs de Russie, ainsi qu’au public russophone des pays limitrophes, comme le Belarus, ou des territoires d’Ukraine occupés par les troupes russes.

Elle est constituée dans un premier temps de neuf chaînes de radio et télévision, dont Radio Sakharov et Novaya Gazeta Europe.

L’objectif, à terme, est d’en accueillir jusqu’à 25, a précisé RSF.

Le projet, financé par l’ONG française, bénéficie des capacités de diffusion du groupe Eutelsat, avec sa constellation de satellites «Hotbird».

«Cela nous permet d’arriver dans 4,5 millions de foyers russes déjà dotés de paraboles», a expliqué le secrétaire général de RSF Christophe Deloire, assurant que la transmission des contenus était «sécurisée et fiable».

«Le bouquet sera disponible parmi d’autres chaînes que nous n’avons pas supprimées. Mais sa vocation est de proposer du journalisme indépendant, pas de la propagande», a-t-il insisté.