BD: la fille du créateur de Gaston Lagaffe a saisi la justice belge en urgence pour faire interdire «Le Retour de Lagaffe»

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La fille du créateur de Gaston Lagaffe a saisi la justice belge en urgence pour faire interdire toute promotion et prépublication d’un nouvel album de ce personnage star de la BD, après trente ans d’absence. Me Claude Katz, avocat d’Isabelle Franquin, fille du défunt dessinateur belge, a confirmé mardi une information du quotidien «Le Soir».
La fille et unique ayant-droit d’André Franquin (1924-1997) estime que «les droits moraux sont inaliénables» et que son père «a toujours exprimé de son vivant, de manière continue et répétée, sa volonté que Gaston ne lui survive pas sous le crayon d’un autre dessinateur», selon un communiqué transmis par Me Katz.
Elle s’oppose à la sortie annoncée pour octobre 2022 d’un 22e album, «Le Retour de Lagaffe» (éditions Dupuis), dans lequel Gaston doit revivre sous les traits du dessinateur canadien Delaf, de son vrai nom Marc Delafontaine.
Cette renaissance, qualifiée d’«illégale» par Isabelle Franquin, avait été révélée il y a dix jours au festival d’Angoulême (France) par Stéphane Beaujean, directeur éditorial de Dupuis. «C’est une prise de risque. Quitte à relancer la série, nous nous sommes dit qu’il ne servait à rien de le faire petit bras. Parce que c’est un des personnages les plus emblématiques de la BD franco-belge», avait alors expliqué M. Beaujean. Dans le passé, a rappelé ce mardi 29 mars 2022 Me Katz, Isabelle Franquin avait déjà affronté le groupe Marsu Productions, éditeur de bandes dessinées inspirées de l’univers de Franquin, avec notamment un personnage nommé «Gastoon» présenté comme le neveu de Gaston.
Mais le litige s’était conclu par un règlement à l’amiable, sans passer par les tribunaux, selon l’avocat.
Concrètement, dans ce nouveau litige avec le groupe français Média Participations (maison-mère de Dupuis), qui a racheté à Marsu les droits patrimoniaux sur les personnages de Franquin, une procédure d’arbitrage a été engagée pour éviter la publication du «Retour de Lagaffe».
Mais face à «l’emballement de Dupuis» pour médiatiser ce futur album – avec une pré-publication des dessins de Delaf dans le Journal de Spirou prévue «dès le 6 avril» -, Mme Franquin a également saisi le juge des référés du tribunal de première instance francophone (TPIF) de Bruxelles.
Elle demande la «suspension urgente et provisoire de toute pré-publication, promotion et diffusion de ces illustrations et planches de BD dans l’attente de la décision de l’arbitre», toujours selon le même communiqué.Une audience de plaidoiries est prévue à la «mi-mai», d’après Me Katz.