Grosses fortunes, propriétés en front de mer et verres à vin surdimensionnés avec en arrière-plan maltraitances conjugales, adultères et soupçons de meurtre: à 1ère vue, la mini-série «Big Little Lies» semblait n’être qu’un soap-opera de plus. Mais le prestigieux casting concocté par la chaîne HBO lui a offert un tremplin tel que le succès a été au rendez-vous et qu’une 2de saison a finalement vu le jour. La diffusion du 1er épisode est prévue dimanche. Avec une pointure du cinéma – Meryl Streep – qui rejoint les héroïnes de la 1ère saison Reese Witherspoon, Nicole Kidman, Laura Dern, Shailene Woodley et Zoë Kravitz. L’actrice aux 3 Oscars incarne la mère de Perry Wright (Alexander Skarsgard), qui enquête sur le décès de son fils lors d’une chute dans un escalier à la fin de la 1ère saison. Ce drame devait être l’apothéose finale de cette mini-série en 7 épisodes réalisée par le Canadien Jean-Marc Vallée mais HBO a décidé de faire une suite, confiée au même scénariste David E. Kelley mais avec la Britannique Andrea Arnold derrière la caméra. Cette adaptation d’un roman de l’auteure australienne Liane Moriarty aborde les thèmes de la maltraitance domestique et du viol, du poids des mensonges, des difficultés croissantes dans un mariage et l’éducation des enfants ainsi que de l’amitié féminine. «Nous avions tellement envie de jouer de vrais personnages», a expliqué Zoë Kravitz au magazine «InStyle». Dans ces nouveaux épisodes, les 5 amies essaient chacune à leur manière de gérer les événements de la fatidique soirée tout en tentant de protéger les mensonges qui les lient. Les ingrédients délectables de la 1ère saison perdurent: les flashbacks, les répliques saillantes et les personnages regardant pensivement les vagues se briser tout en dégustant un verre de Chardonnay. Tout comme l’exploration des pressions sociales, domestiques et professionnelles auxquelles sont soumises les femmes ainsi que les frustrations et les souffrances, souvent étouffées derrière une apparence de perfection. «L’objectif est de créer du contenu (…) qui explore la psychologie féminine comme nous ne l’avons jamais vu auparavant», a précisé Shailene Woodley, qui incarne une mère célibataire ayant été victime de viol. «Nous nous concentrons sur les choses qui ne vont pas de façon à créer une sorte de guérison». Le succès de la série illustre également la tendance croissante de voir des actrices dans des rôles de 1er plan bien que n’étant plus dans leur prime jeunesse, et dont se détourne parfois Hollywood. D’autres productions récentes sont centrées autour de comédiennes ayant atteint au moins la quarantaine, comme «Dead to Me» avec Christina Applegate et Linda Cardellini ou, en lice aux derniers Oscars, «La Favorite» avec Olivia Colman et Rachel Weisz aux côtés d’Emma Stone. Selon une étude en 2016 des économistes Robert Fleck et Andrew Hanssen, après 40 ans, les hommes occupent 80% des rôles principaux. Et les femmes étaient davantage en tête d’affiche avant de fêter leurs 30 ans, ayant des carrières commencées plus tôt mais étant aussi plus courtes. Pour Caroline Heldman, universitaire féministe et directrice exécutive de l’organisation The Representation Project, l’essor du streaming a placé davantage de femmes à des postes décisionnaires. Et depuis l’émergence du mouvement anti-harcèlement #TimesUp, les maisons de production et studios de cinéma recrutent de plus en plus de femmes «pour prouver qu’ils prennent le problème du sexisme dans l’industrie plus au sérieux», a-t-elle expliqué. Les stars Reese Witherspoon, devenue fer de lance de la production cinématographique féministe avec sa société Hello Sunshine, et Nicole Kidman sont productrices exécutives de «Big Little Lies».