Bioéthique: l’Assemblée nationale interdit formellement la publicité pour les tests génétiques «récréatifs»

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L’Assemblée nationale a interdit formellement vendredi dernier la publicité pour les tests génétiques «récréatifs», prohibés en France, dans le cadre de l’examen du projet de loi bioéthique.Un amendement en ce sens de Pascal Brindeau et Jean-Christophe Lagarde (UDI-Agir) a été adopté par 13 voix contre 11, et 3 abstentions, malgré l’avis défavorable du gouvernement, qui jugeait que le droit permettait déjà l’interdiction de ces publicités télévisées ou en ligne.

Mais des députés de plusieurs bords se sont émus que des spots soient diffusés régulièrement, Philippe Berta (MoDem) en appelant à un «petit réveil du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA)». A l’été 2018, le Conseil supérieur de l’audiovisuel a bien adressé aux chaînes une «mise en garde», qui a été respectée, a affirmé la ministre de la Santé Agnès Buzyn.

En outre, «une réflexion est en cours» avec la répression des fraudes et le CSA et «nous sommes mobilisés». Plusieurs députés LREM et MoDem ont plaidé de façon générale pour la cohérence sur ces tests génétiques «récréatifs», sanctionnés en principe d’une amende de 3.750 euros, mais qui n’est pas appliquée dans les faits.

Hors motifs médicaux, de recherche, ou pour raison judiciaire, les tests génétiques sont prohibés en France. Quelque 100.000 Français y auraient pourtant recours chaque année, via des sociétés étrangères. Bruno Fuchs (app MoDem), Natalia Pouzyreff et encore Lénaïck Adam (LREM) ont demandé en vain que soit mis fin à cette «hypocrisie» en les légalisant. «Aujourd’hui ça n’est pas fiable, et on laisse faire», selon le premier. «Se procurer un kit, prélever ses cellules buccales n’est en rien compliqué. Va-t-on continuer de fermer les yeux sur ce tourisme génétique?», a demandé M. Adam, élu de Guyane, qui a souligné l’enjeu en outre-mer pour les «descendants d’esclaves» voulant savoir d’où ils viennent.

Ces tests, pour retrouver ses «origines géographiques, historiques et personnelles»,  sont autorisés partout en Europe, sauf en France et en Pologne, selon Mme Pouzyreff. Une légalisation permettrait aussi «la constitution de bases de données essentielles en termes de souveraineté», plutôt que ces données ne soient stockées dans des laboratoires en Israël ou aux États-Unis, a relevé cette élue des Yvelines. La ministre, qui ne veut pas d’un alignement de la France sur le «moins-disant éthique», a reconnu que ces tests «se sont banalisés» mais ils apportent une «fausse liberté». Ils peuvent notamment donner «une fausse perspective de médecine prédictive». «Où se place le curseur? Est-ce que ce serait des tests de paternité», a aussi demandé Mme Buzyn, qui a souligné que «15% des Français n’ont pas le père qu’ils imaginent».