Birmanie: des antennes-relais contrôlées par l’armée birmane détruites au lendemain d’un appel à la révolte contre la junte

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Une douzaine d’antennes-relais contrôlées par l’armée birmane ont été détruites, d’après plusieurs témoignages rapportés mercredi, au lendemain d’un appel du gouvernement fantôme à mener «une guerre défensive» contre la junte. Onze antennes appartenant à l’un des principaux réseaux mobiles du pays, Mytel, contrôlé par les militaires depuis le coup d’Etat de février, ont été prises pour cible dans la ville de Budalin (centre), d’après ces témoignages. Deux autres ont été ciblées dans la même région. «Notre intention est de détruire les entreprises contrôlées par les militaires (et celles) qui les soutiennent pour se maintenir au pouvoir», a déclaré un des participants à l’opération, sous couvert d’anonymat. Des images diffusées par des médias locaux montrent une explosion à la base d’une antenne-relais qui s’effondre entièrement sous les applaudissements des habitants. L’armée birmane a renversé le 1er février le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi, mettant fin à une parenthèse démocratique de 10 ans. Depuis, les généraux mènent une répression sanglante contre les opposants avec plus de 1.000 civils tués et plus de 6.000 en détention, des ONG rapportant des cas de tortures, de viols et d’exécutions extra-judiciaires. Mardi, le gouvernement d’unité nationale (NUG), formé par des ex-députés du parti d’Aung San Suu Kyi en fuite, a lancé un appel à la révolte, exhortant les civils à cibler des actifs militaires. «Nous lançons une guerre défensive du peuple contre la junte», a déclaré Duwa Lashi, président par intérim du NUG, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. «Tous les citoyens (…) doivent se révolter contre le terrorisme militaire dirigé par Min Aung Hlaing», le chef de la junte. Cet appel s’adresse aussi aux forces de défense du peuple, une nébuleuse de milices citoyennes mises en place depuis mai par le NUG pour mener des attaques de guérilla contre les militaires. Mais l’un des principaux défis du NUG reste de rallier suffisamment de factions ethniques armées pour tenter de mettre en difficulté la Tatmadaw (nom des forces armées birmanes). Or, si certains groupes rebelles dans le nord et l’est du pays ont pris les armes contre la junte, de nombreux conservent des positions ambivalentes face aux généraux. Les militaires ont rapidement réagi à l’appel à «la guerre défensive», accusant le NUG de chercher à attirer l’attention avant l’Assemblée générale des Nations unies qui se tiendra la semaine prochaine. 

A cette occasion, l’ONU doit examiner quelle entité – la junte ou le NUG – doit désormais représenter la Birmanie au sein de l’organisation. «Les groupes terroristes se rendent compte qu’ils sont sur le point d’échouer. C’est pourquoi ils tentent de maintenir leurs efforts afin d’attirer l’attention internationale», a déclaré le porte-parole de la junte, Zaw Min Tun, dans un communiqué. L’armée a justifié son retour au pouvoir en alléguant des fraudes électorales lors des législatives de novembre, remportées massivement par le parti d’Aung San Suu Kyi. Après avoir annulé ce scrutin, elle a promis la tenue de nouvelles élections d’ici l’été 2023. Aung San Suu Kyi, 76 ans, est assignée à résidence depuis son arrestation le 1er février. Inculpée à de multiples reprises, notamment pour sédition et corruption, la poursuite de son procès a été ajournée à cause de la flambée épidémique de coronavirus qui frappe le pays.