C. ALESSANDRA (Glance) : «L’écologie, la diversité, le mobile et les jeux vidéo sont des thématiques marquantes dans les programmes jeunesse»

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Avec la crise sanitaire mondiale, le temps moyen passé quotidiennement par les enfants devant le petit écran s’est allongé. L’occasion pour les chaînes et les producteurs d’innover. Entretien avec Candice ALESSANDRA, Responsable d’études et de clientèle chez GLANCE (Médiamétrie).

Les programmes jeunesse font-ils preuve d’innovation ? 

Oui, et cela passe souvent par l’adaptation de livres et de films. C’est le cas de «Young Love» (HBO Max) aux États-Unis, une série adaptée du court-métrage «Hair Love», récompensé par un Oscar. Ce programme s’intéresse aux liens entre un père et sa fille. Côté livre, «La Quête d’Ewilan», une trilogie fantastique écrite par Pierre Bottero, est en cours d’adaptation en série animée pour France Télévisions. Cette série produite par Andarta Pictures – qui relate l’épopée d’une jeune héroïne aux pouvoirs fantastiques – va être sérialisée. L’innovation, c’est aussi une incursion dans le digital. Chaînes, producteurs et plateformes cherchent de nouveaux modèles destinés aux enfants, en allant sur une pluralité de genres et de sujets. 

Quelles sont les nouvelles thématiques marquantes des programmes jeunesse ? 

L’écologie, la diversité, le mobile et les jeux vidéo. Le thème de l’écologie d’abord, s’installe durablement dans tous les genres (factual, animation, live action). La protection de l’environnement n’est plus un sujet de niche. La série de science-fiction canadienne «Endlings» (CBC) relate par exemple les aventures de quatre jeunes placés en foyer d’accueil et de leur père adoptif qui tentent de sauver des espèces menacées avec l’aide d’un alien. Dans un autre style, la série d’animation française «Droners», diffusée sur TF1, se déroule dans un monde à 95% recouvert d’eau où des enfants s’affrontent dans la course de drones la plus extrême de tous les temps. Au Royaume-Uni, «Go green with the Grimwades» (Channel 5)  suivra (le programme n’est pas encore sorti) le quotidien d’une famille de six enfants scolarisés à domicile et leurs parents (qui se sont fait connaître sur YouTube) qui a accepté le défi de réduire ses déchets et de protéger la planète. Et enfin, je vous conseille d’aller jeter un coup d’oeil à «Isaura», un programme d’Afrique au Sud, dans sa 2ème phase de développement.

La diversité est-elle plus facile à traiter dans les programmes pour enfants que pour adultes ? 

La diversité est un sujet de fond à plusieurs entrées. Et nous avons en effet l’impression que les diffuseurs se posent moins de question sur la réception des enfants. Il y a des palettes de programmes qui montrent des compositions de famille très différentes. Dans la série d’animation «Boy, girl, etc.», coproduction entre plusieurs pays dont la France, diffusée sur Gulli, on retrouve l’univers d’une famille atypique, qui compte parmi ses membres deux humains ; des animaux anthropomorphes (Dog, Cat et Mouse) et un fromage qui parle (Cheese). Pour le MIP Junior, nous avons repéré une fiction norvégienne où l’on suit une famille recomposée qui tente de retrouver un équilibre. La diversité passe aussi par la mise en avant de personnes et personnages variés. Au Royaume-Uni, Danny, un jeune garçon pétillant, qui nous amène à suivre ses défis dans «Dare Master» (CITV) en utilisant la langue des signes. Dans «Las Primeras», nous suivons des personnages féminins historiques du Chili – pionnières dans un sport, en science ou dans d’autres domaines. 

Les producteurs doivent-ils investir le champ des mobiles et des jeux vidéo pour capter les plus jeunes ?  Oui, ils le font naturellement. La série suédoise «Kär» qui signifie «être amoureux», raconte l’histoire de deux amis qui se sont rencontrés pendant les vacances et tentent de rester en contact après la rentrée des classes. Un nouvel épisode est disponible chaque jour sur la plateforme de la chaine public suédoise STV Play. Chaque épisode dure moins de 3’. Idéal pour une consommation sur mobile. Et l’intrigue de la série, tout comme sa réalisation intègrent le mobile. Sur un aspect plus large, nous avons repéré des sujets autour du cyber-harcèlement. L’idée est de donner des codes aux ados et les accompagner. «Stikker» ou encore «Nudes» sortie l’an passé, respectivement des programmes danois et norvégien, répondent à cette logique.