C. CAUQUELIN (Canal+) : «Sur nos antennes, les réalisatrices de documentaires sont entre 30% et 40% en fonction des années»

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Comment respecter la parité dans le documentaire alors que les femmes sont moins présentes que les hommes ? L’occasion pour média+ d’échanger autour de la place des femmes dans les médias avec Christine CAUQUELIN, Directrice des unités de programmes et chaînes Documentaires, Jeunesse et Animation du Groupe Canal+.

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Comment le sujet de la parité est-il présent dans votre feuille de route ?

Christine CAUQUELIN

La parité est une question très présente au cœur de mon activité. Tout d’abord dans le documentaire où la question des femmes devant et derrière l’écran est un véritable enjeu. Le constat est qu’il y a toujours moins de réalisatrices que de réalisateurs, il faut donc les encourager et leur faire confiance. On constate qu’elles sont plus présentes dans les documentaires de société. Sur les antennes de Canal+, les réalisatrices de documentaires sont entre 30% et 40% en fonction des années, la parité est difficile à atteindre dans la mesure où elles sont, à la base, moins nombreuses à proposer des projets. Elles sont en revanche souvent à l’origine des projets en tant qu’autrice, puis certaines s’imposeront coréalisatrice aux côtés d’un réalisateur avant de s’affirmer réalisatrice. La question de la parité se pose également devant l’écran : quelle place laisse-t-on aux femmes expertes ? Dans quels domaines d’expertise s’expriment-elles? Combien de femmes inspirantes sont les sujets de documentaires ? Dans le domaine de la jeunesse (l’autre partie de mon périmètre), nous veillons particulièrement à déconstruire les stéréotypes des héroïnes féminines.

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Comment inclure la parité, sans forcément fermer la porte aux producteurs, réalisateurs, scénaristes… ?

Christine CAUQUELIN

La première chose à faire me semble-t-il, est de prendre conscience du problème. C’est en dénombrant les réalisatrices que l’on constate qu’elles sont moins nombreuses. En effet, le choix d’un documentaire se fait d’abord sur une histoire, une proposition artistique et heureusement pas sur le genre de celui ou celle qui porte le projet. Il faut donc redire aux réalisatrices qu’elles sont les bienvenues et que nous leur faisons confiance autant qu’aux hommes pour réaliser des films. Nous regardons également la répartition femmes/hommes dans la composition des équipes au moyen de fiches d’évaluation que nous joignons aux contrats et que les producteurs remplissent sur la base du volontariat. Ces fiches permettent de voir quels sont les postes occupés par des femmes. S’obliger à compter a un effet vertueux : en une année, nous avons constaté une augmentation de 15% du nombre de femmes dans les équipes de nos documentaires et j’encourage les producteurs à poursuivre cette évolution.

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En interne, quelle place prennent les femmes dans vos équipes ?

Christine CAUQUELIN

L’équipe documentaire est paritaire avec 8 hommes et 8 femmes, et je pense que c’est un équilibre nécessaire et fructueux qui permet une richesse de points de vue. En revanche, pour la Jeunesse, l’équipe est complètement féminine …

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En quoi le sujet de la parité peut-il aussi être présent dans vos documentaires / productions ?

Christine CAUQUELIN

Le sujet de la parité se pose dans toutes nos productions. Nous veillons par exemple à ce qu’il y ait autant de femmes que d’hommes dans la collection des «Nouveaux Explorateurs». Nous demandons aux producteurs qui travaillent sur la collection «Les Eclaireurs» d’être vigilants à ce que les solutions pour le monde de demain soient portées aussi par des femmes, car il ne peut pas y avoir de société juste si les représentations collectives se construisent en oubliant une moitié de l’humanité.  Il me semble tout aussi important de ne pas réduire les femmes au statut de victime et de montrer dans nos productions et sur nos antennes des femmes fortes, inspirantes, comme la cheffe d’orchestre Zahia Ziouani qui promeut la musique classique ou prochainement un portrait de Gisele Halimi raconté par Géraldine Nakache.