média+ : Quel est le sujet de « Le papier ne peut pas envelopper la braise », le documentaire de Rithy Panh qui a gagné le Fipa d’or fin janvier à Biarritz?
Catherine Dussart : Ce film est consacré aux prostituées cambodgiennes et à la façon dont elles parlent de leur vie. C’est un sujet qu’il avait en tête depuis longtemps. La première fois que je suis allé au Cambodge voir Rithy Panh, en 1993, il avait déjà en tête de parler de ces jeunes femmes dont la situation était sans issue. Son film est tout sauf formaté pour France 3. La chaîne nous a laissé une totale liberté au réalisateur comme ce qui se fait pour un film de cinéma. Il faut lui rendre hommage comme à Arte pour ses précédents films. J’ai toujours eu la chance en fiction comme en documentaire de travailler en liberté.
média+ : Pourriez-vous décrire CDP ?
Catherine Dussart : C’est une microsociété de production. La société n’a pas besoin de faire beaucoup de films et n’est pas destinée à grandir. Nous faisons des films auxquels nous croyons et nous y suivons nos auteurs, dont Rithy Panh.
média+ : En quoi consiste votre travail pour les metteurs en scène ?
Catherine Dussart : On essaye de se mettre à leur service pour qu’ils puissent réaliser ce qu’ils ont en tête, autant dans le fond que dans la forme. Il y a un vrai dialogue : ce sont des projets qui, en général, sont assez longs à aboutir. Pour les fictions, on leur cherche des co-auteurs s’ils en ont besoin pour que le scénario soit le plus abouti possible. Pour les documentaires, l’auteur comme Rithy arrive avec une idée et on lui fournit le matériel. Il a une équipe formidable qu’il a créée et formée au Cambodge. Il est le seul cinéaste dans son pays à part le roi qui fait des films à l’eau de rose.
media+ : Quelle est la différence entre la production pour la télévision et celle pour le cinéma ?
Catherine Dussart : Le travail est le même, si ce n’est qu’un auteur ne tourne pas de la même façon pour le cinéma ou pour la télévision. Ceci dit, les derniers documentaires de Rithy Panh sont sortis en salle. Ce documentaire, par exemple, sera diffusé vendredi 30 mars sur France 3 en deuxième partie de soirée et devrait sortir en salle le lendemain. Ce sont des ouvres qui naviguent entre les deux univers. Mais nos sources de financement sont plutôt à la télévision. France 3 s’est associé avec France 5 pour nous donner des moyens supérieurs. Nous préparons pour le cinéma une adaptation. On prépare une adaptation du barrage contre le Pacifique de Marguerite Duras. Il s’agit d’un film de 6 millions d’euros et on ne pourrait pas le financer sans la Canal+ et une autre chaîne hertzienne.
media+ :Pensez-vous que la loi du futur est une bonne chose pour le film d’auteur ?
Catherine Dussart : Plus les sources de financement se diversifient mieux c’est pour le cinéma. Il y a eu 240 films produits en France l’année dernière. Mais les budgets pour des films d’auteur sont de plus en plus restreints. Je ne suis pas sûre que la loi sur la télévision du futur arrange particulièrement les choses. Je pense que la demande est plus pour des films de genre ou de comédie. Même s’il ne faut pas faire un cinéma d’auteur autiste, mais qu’il soit capable d’attirer un public.
Société de Production : CDP
• Les Dirigeants:
Catherine Dussart
• Date de Création de la Société : 1992
• Coordonnées:
25 Rue Gambetta
92100 Boulogne-Billancourt
• Activités Principales :
CDP produit principalement des films d’auteur. Qu’il
s’agisse de fiction ou de documentaires, ces films
sont le reflet d’une sélection exigeante des auteurs
avec qui Catherine Dussart travaille.
• Films produits :
« La petite chartreuse » de Jean-Pierre Denis (2004),« Une affaire de goût » film de Bernard Rapp (1999)…