Dénonciations calomnieuses et fausse attestation d’un côté, montage illicite et abus de confiance de l’autre: le tribunal correctionnel de Paris jugera le 2 octobre prochain les différentes procédures judiciaires qui opposent Yann Moix et Gérard Depardieu à des journalistes de Complément d’enquête.
Le tribunal a estimé qu’une journée d’audience serait nécessaire afin de juger ce dossier épineux dans lequel plusieurs procédures s’imbriquent et pour lesquelles plusieurs témoins sont appelés à la barre.
Tout remonte à la diffusion en décembre 2023 du reportage «Gérard Depardieu: la chute de l’ogre» dans l’émission «Complément d’enquête» sur France 2.
Dans une des séquences, filmée en 2018 dans un haras en Corée du Nord, où l’acteur se trouvait à l’initiative de l’écrivain Yann Moix, Gérard Depardieu prononce des propos sexuels lorsqu’une petite fille à cheval passe à l’image. «Si jamais il galope, elle jouit», lance-t-il notamment.
Aussitôt l’émission diffusée, l’acteur et l’écrivain s’insurgent et assurent que ces propos n’ont pas été prononcés dans ce contexte. Ils reprochent à la société de production du reportage, Hikari, et à France Télévisions, diffuseur de «Complément d’enquête», un «montage illicite» et des faits d’»abus de confiance». Les auteurs du reportage, eux, estiment que ce montage ne travestit pas la réalité. Outre les images diffusées dans «Complément d’enquête», ils s’appuient sur d’autres enregistrements de la séquence.
Selon les auteurs du reportage, la synchronisation des différentes images et pistes sonores apporte «la démonstration» que les propos de M. Depardieu visaient bien la petite fille. L’avocat de MM. Moix et Depardieu, Me Jérémie Assous, a demandé une expertise indépendante des rushs qui devrait être rendue avant le procès.
Dernier épisode de cette bataille judiciaire: fin mars 2025, les auteurs du reportage de «Complément d’enquête» (Anthony Dufour le président de la société Hikari, le réalisateur Damien Fleurette, le monteur Emmanuel Baert et le caméraman Daniele Vella) ont intenté des citations directes à l’encontre de Yann Moix et Gérard Depardieu, pour dénonciation calomnieuse, fausse attestation et tentative d’escroquerie au jugement. Une «initiative ridicule», a commenté Me Jérémie Assous.
Le tribunal ayant décidé de joindre les deux affaires, Yann Moix et Gérard Depardieu comparaitront en octobre à la fois en tant que parties civiles et en tant que prévenus, tout comme les journalistes.
Gérard Depardieu, 76 ans, sera par ailleurs fixé sur son sort le 13 mai à l’issue de son procès pour agressions sexuelles sur deux femmes lors d’un tournage en 2021.
Le parquet avait requis fin mars à son encontre 18 mois de prison avec sursis.