Décès de Harry Belafonte : un torrent d’hommages, dont celui de Joe Biden

358

Harry Belafonte, superstar afro-américaine de la chanson et du cinéma aux origines caribéennes et inlassable combattant pour les droits humains aux Etats-Unis et à l’étranger, est mort mardi à New York à 96 ans, déclenchant un torrent d’hommages, dont celui de Joe Biden. Aux Etats-Unis, dans le monde de la culture, de l’économie, du sport et de la politique, les réactions ont afflué sur les réseaux sociaux et par communiqués. Le président Joe Biden, qui vient d’annoncer sa candidature à sa réélection en 2024, s’est incliné devant un «Américain révolutionnaire qui s’est servi de son talent, sa notoriété et sa voix pour racheter l’âme de notre Nation». Né en 1927 «lorsque la ségrégation était la norme de la société américaine», Harry Belafonte a «consacré toute sa vie à briser les barrières et à combler les divisions», a salué le dirigeant démocrate. A l’ONU, le secrétaire général Antonio Guterres a lui aussi jugé qu’«en plus de toucher des millions de gens grâce à son charme inimitable et son charisme dans la musique, le cinéma et le théâtre, M. Belafonte avait dédié sa vie à lutter pour les droits humains et contre l’injustice sous toutes ses formes». Catherine Russell, directrice de l’Unicef, dont il était depuis 1987 ambassadeur de bonne volonté, a rendu hommage à «l’un des plus grands acteurs, chanteurs, producteurs et champions des droits humains, notamment pour les enfants». A gauche de l’échiquier politique américain, le sénateur Bernie Sanders a vu en «Harry Belafonte pas uniquement un grand artiste du divertissement, mais un dirigeant courageux dans la lutte contre le racisme et l’oppression des travailleurs». L’actrice Mia Farrow, le comédien Jeffrey Wright, les ex stars du basket et football américain Magic Johnson et Colin Kaepernick ont salué celui qui a «ouvert la voie pour tant d’artistes noirs dans l’industrie du divertissement». Né à Harlem en 1927 d’une mère jamaïcaine et d’un père martiniquais, Harry Belafonte a grandi en partie à la Jamaïque avant de s’installer à New York, une enfance aux influences mélangées qu’il avait intégrée dans sa musique, qui rencontre très vite un succès immense dans l’Amérique prospère des années 1950. En 1956, son album «Calypso» devient le 1er dans l’histoire à se vendre à plus d’un million d’exemplaires. Comme chanteur, il a rempli les salles et ses enregistrements, dont six disques d’or, ont un succès mondial et lui vaudront plusieurs Grammy Awards dès 1960. Parallèlement, au cinéma, Belafonte joue dans «Carmen Jones» d’Otto Preminger (1954), «Le coup de l’escalier» (Robert Wise, 1959), «Kansas City» de Robert Altman (1996), «Buck et son complice», de et avec Sidney Poitier (1972) et «Bobby» (Emilio Estevez, 2006) sur l’assassinat de Robert Kennedy en 1968, le frère de John F. Kennedy. Puis, lorsque la lutte pour l’égalité raciale prend de l’ampleur aux Etats-Unis, le chanteur devenu acteur se rapproche des combats politiques de la gauche et se lie avec l’icône Martin Luther King, qu’il soutient financièrement. Jusqu’aux années 2000, il a poursuivi ses batailles, s’opposant à la guerre en Irak menée par le président républicain George W. Bush. Il fut aussi un militant contre l’apartheid en Afrique du Sud, contre le sida et un admirateur du président vénézuélien Hugo Chavez. L’artiste dyslexique, qui ne tablait pas sur le succès après avoir abandonné le lycée, s’être engagé un temps dans l’armée ou travaillé comme concierge, a été auréolé à la fin de sa vie de récompenses prestigieuses. Ainsi, en 2014, il avait reçu un Oscar d’honneur car «dès le début de sa carrière, il a choisi des projets mettant en lumière le racisme et les inégalités». En décembre 2021, il s’était vu décerner le titre de chevalier de la Légion d’honneur des mains de l’ambassadeur de France aux Etats-Unis.